Fonction publique: Manifestation pour le maintien de la prime de rétention

Par Fanny Lévesque 6 février 2015
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Des dizaines d’employés de la fonction publique s’étaient donné rendez-vous jeudi en fin de journée pour manifester contre la volonté de Québec d’abolir la prime de rétention de 8% offerte aux fonctionnaires de l’État à Sept-Îles et Port-Cartier.

Le scénario du gouvernement québécois s’inscrit dans sa récente offre aux employés du secteur public et parapublic de l’ensemble de la province, dont la convention collective vient à échéance au 31 mars 2015. Sur la Côte-Nord, le retrait de l’avantageuse prime pourrait se traduire par des effets dévastateurs, affirment la quinzaine d’organisations syndicales, qui unissent leur voix dans le dossier.

«C’est une attaque envers les employés de l’État, avec une rare violence, a fait valoir Maryse Rousseau du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec. On va se battre tout le monde ensemble parce qu’on n’a pas les moyens de faire des luttes isolées, cette prime-là il faut la garder», a-t-elle ajouté, lors d’une conférence de presse tenue plus tôt en jeudi.

Instaurée il y a une trentaine d’années, la prime de rétention permet au secteur public d’offrir des salaires plus adaptés aux réalités régionales, où les revenus sont généralement plus élevés avec la présence de la grande industrie. «Cette prime est toute aussi pertinente qu’il y a 30 ans, assure le porte-parole de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, Sylvain Sirois.

«La région est aux prises avec de graves problèmes de pénurie de main-d’œuvre et figure parmi celles qui ont le plus recours aux agences de placement (en santé). Mettre un terme à la prime ne ferait qu’aggraver la situation», a-t-il affirmé. «C’est dur de dire à des gens de venir travailler en région quand les logements, l’essence coûtent plus. La prime, c’est un incitatif, c’est majeur», a renchéri Janine Hould de la CSQ.

Fannie Dubeau et sa fille, Léa.

Fannie Dubeau et sa fille, Léa.

Des effets palpables
Les syndicats craignent d’ailleurs de voir des familles quitter la région si la prime de rétention est retirée. Tous deux enseignants au Cégep de Sept-Îles, Fannie Dubeau et son conjoint ne cachent pas que plier bagage pourrait bien s’avérer la solution la plus avantageuse pour eux si la mesure entre en vigueur, même si ce n’est pas ce que le couple souhaite.

«Avec la réalité économique de Sept-Îles, le petit 8% a été un plus pour nous inciter à venir dans la région», raconte l’enseignante, qui a participé à la manifestation. «C’est un pensez-y-bien. Ici, les maisons, les taxes sont plus chères. Si on compare avec d’autres régions, peut-être qu’on perdrait un temps plein, mais on aurait moins de frais».

L’abolition de la prime de rétention toucherait pas moins de 2500 fonctionnaires de Sept-Îles et Port-Cartier. Un salarié qui gagne 40 000 dollars verrait fondre ses revenus de 3200 dollars par année. Les syndicats estiment que le retrait de la prime de 8% se traduirait par la perte de 10 millions $ dans la région.

Un message porté à Québec
Des dizaines d’employés de l’État se sont rassemblés en fin de journée, au centre des congrès de Sept-Îles, où se tient un forum économique auquel participait le ministre Jean D’Amour. «Il y a tout le contexte de la négociation dans le secteur public, on ne peut présumer de rien, mais je pense que c’est autour de la table qu’on va arriver à marquer des points ensemble», a indiqué au Journal, le ministre.

Jean D’Amour, qui a pris le temps de rencontrer les organisations syndicales et d’adresser quelques mots aux manifestants, a promis de porter leur message jusqu’au président du Conseil du trésor, Martin Coiteux. Ce dernier a pour sa part rappelé que «le gouvernement négocie dans l’intérêt de l’ensemble de la collectivité dans un contexte de retour à l’équilibre budgétaire, et ce, sans augmenter les impôts des contribuables».

(Photos: Le Nord-Côtier)

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