Industrie uranifère : Peu de données sur les risques à la santé

Par Fanny Lévesque 25 août 2014
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Les données disponibles sur les risques associés à l’industrie uranifère «mettent en relief le bien-fondé des appréhensions» que les Septiliens et «ses leaders» avaient manifestées en 2009, lorsque la société Terra Ventures exécutait des travaux d’exploration, non loin du centre urbain.

C’est l’une des conclusions du rapport du groupe de travail sur l’uranium, dévoilé lundi par la Direction de la santé publique de la Côte-Nord, qui a présidé les travaux.

Les travaux de la table ont permis de mettre en lumière le manque de données disponibles sur l’industrie de l’uranium, tout comme l’avait constaté l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dans une étude commandée par le groupe de travail.

«Quand on regarde la littérature objectivement, on se dit qu’il y a encore beaucoup de connaissances à aller chercher sur certains éléments», a mentionné le président et ex-directeur régional de la santé publique sur la Côte-Nord, Raynald Cloutier.

L’établissement d’une zone tampon entre une mine d’uranium et les milieux habités reste toujours à définir selon le groupe. «Il faut renforcer notre idée de connaissance de facteurs de risques pour être bien capable de délimiter la zone à risque», soutient M. Cloutier. «La zone tampon on ne la connait pas, même pas scientifiquement.»

Le groupe s’inquiète aussi de toute la notion de «bruit de fond» qui s’accompagne de l’exploitation d’une mine d’uranium. «Est-ce qu’on pourrait mesurer tout ça avant de commencer pour ne pas avoir de mauvaises surprises après», explique-t-il et limiter les dépassements de normes.

Le processus d’évaluation des impacts santé devrait également se faire dans le cadre de «gestion des risques», comme il est adopté par les autorités en santé publique, recommande la table de travail.

Les études d’évaluation de la dispersion environnementale des contaminants radiologiques et chimiques doivent être approfondies, tout comme l’évaluation globale des risques toxicologiques, soulignent les membres du comité de travail.

L’exploration à ne pas négliger
«Les aspects humains et communautaires apparaissent négligés dans le processus d’exploration», a également conclu le groupe dans son rapport alors que la Santé publique ne cache pas qu’elle s’en souciait elle-même moins à l’époque. «Il ne faut pas négliger l’exploration», assure M. Cloutier. «Il y a une nécessité de préciser les règles pour bien l’encadrer, pour éviter les problèmes d’instabilité sociale par exemple.»

La table recommande par ailleurs d’établir des mécanismes de participation des citoyens et des communautés pour assurer «l’équité, la transparence et l’appropriation de leurs pouvoirs vis-à-vis les autorités et les promoteurs.»
En parallèle, le Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE) poursuit ses travaux sur la filière uranifère au Québec.

La commission, qui s’est arrêtée à Sept-Îles au printemps, doit produire un rapport qui sera remis au plus tard, le 20 mai 2015, au ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

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