Cadre d’ententes et d’acquisitions : Mine Arnaud accepte de revoir son offre

Par Fanny Lévesque 18 juin 2014
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L’insatisfaction générale à l’égard du cadre d’ententes et d’acquisitions force Mine Arnaud à revoir ses offres aux citoyens du canton, qui vivront à proximité d’une mine d’apatite à ciel ouvert pendant 28 ans. Un tout nouveau comité de citoyens sera d’ailleurs formé rapidement pour négocier directement avec le promoteur, une proposition plus collée à leurs préoccupations.

Les citoyens du secteur où seront déployées les installations minières ont pu faire entendre mardi, lors d’une rencontre d’informations et d’échange à propos du cadre d’ententes et d’acquisitions, soumis par Mine Arnaud en mars. Dans son offre, le promoteur a divisé le canton en trois zones, selon leur distance de la fosse projetée.

Quelque 148 propriétaires de terrains privés sont touchées, dont 72 résidents. Une trentaine se retrouve dans la première zone, la seule directement impactée par l’aménagement d’infrastructures liées au projet de 750 millions $. «Nous n’avons pas l’obligation de déplacer ou détruire aucune résidence», nuance le directeur, François Biron. «Ce dont nous avons besoin inévitablement, ce ne sont que des parcelles de terrains.»

Mine Arnaud martèle par ailleurs que les activités de la mine n’entraîneront aucun impact sur les résidents du secteur et que toutes les normes environnementales en vigueur seront respectées en tout temps, «24h, sur 24» et que la cohabitation est possible.

Pour une seule zone
Mais les promesses du promoteur ne sont pas parvenues à rassurer les résidents qui revendiquent la création d’une seule et unique zone pour qu’ils soient «traités sur un même pied d’égalité». «Le canton Arnaud est un secteur de la Ville de Sept-Îles, qui est indissociable», a fait valoir une citoyenne. Les gens déplorent aussi de ne pas avoir pu élaborer le cadre d’entente avec le promoteur.

Au terme de longs échanges, Mine Arnaud a finalement accepté de collaborer avec un tout nouveau comité citoyen, qui réunira entre autres des représentants des deux comités déjà en place dans le secteur. «On passe en mode solution», lance M. Biron. «Mais, si vous voulez une seule zone, il y aura des conséquences. Nous avons une enveloppe budgétaire à respecter», a-t-il averti.

Légalement, Mine Arnaud n’a aucune obligation de compenser les propriétaires des zones 2 et 3, a souligné un avocat invité par le promoteur. Qu’à cela ne tienne, des citoyens issus de toutes les zones définies par Mine Arnaud ont exprimé leurs craintes face à l’arrivée de ce géant «qu’ils n’ont pas choisi.» La peur d’être incommodé par le bruit du dynamitage et l’émission de poussières reviennent le plus souvent.

Tout le stress ressenti depuis que le projet est sur la table a aussi un prix selon les citoyens. «On a mis sur la glace nos projets personnels et familiaux depuis trois ans», a affirmé une résidente. «Qui va acheter ma terre sur laquelle j’avais des rêves?», en a questionné une autre. Mine Arnaud répond qu’il ne veut pas «vider» le canton et espère que les gens mèneront leurs projets. Des gens de la zone 3 craignent aussi que les activités de la mine accélèrent l’érosion des berges.

Proposition initiale
Dans l’offre initiale, Mine Arnaud propose aux propriétaires résidents de la zone 1 d’acheter, s’ils le souhaitent, leur terrain et maison au prix d’une évaluation de la valeur marchande et d’ajouter diverses primes. Par exemple, une propriété évaluée à 250 000$ pourrait être payée 317 500$ par le promoteur. Les propositions sont moins importantes, mais similaires pour la zone 2 et pour ceux zonés 3, Mine Arnaud offre une «prime forfaitaire» de 8000$ aux résidents, mais aucune possibilité d’acquisition.

Selon certains propriétaires, les offres ne sont pas assez importantes pour permettre la reconstruction ou le rachat de propriétés semblables en ville. Mine Arnaud promet aussi une période de réflexion de quatre années pour chaque propriétaire, ce que certains qualifient d’insuffisant. «Au bout de ça, personne n’aura les moyens d’entreprendre des recours contre société minière», soutient un résident.

Les résidents du canton disent également «ne plus avoir de temps à perdre» et souhaitent disposer d’un cadre d’ententes et d’acquisitions qui les satisferont avant que le gouvernement n’autorise son décret. Mine Arnaud réalise toujours des études supplémentaires après que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement ait conclu que le projet n’était «pas acceptable dans sa forme actuelle.»

Le directeur des opérations, Rock Néron et le directeur de projet, François Biron ont longuement écouté les préoccupations de citoyens du canton Arnaud, mardi. (Photo : Le Nord-Côtier)

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