Litige en Minganie: Des bleuets contre des pylônes

2 avril 2014
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Projet d’usine en péril. (Photo : Le Nord-Côtier)

Les candidats de la campagne dans Duplessis sont sollicités par une bleuetière de la Minganie, dont le développement est affligé par un litige avec le ministère des Ressources naturelles (MRN), depuis 2010. Hydro-Québec fait passer une ligne de transport sur une portion des 800 hectares de terres publiques qu’aurait promis le MRN à l’entreprise agricole.

Jacques Maloney, propriétaire de l’entreprise Les Bleuets de la Minganie, demande aux candidats des partis politiques de s’engager à résoudre son litige avec le ministère des Ressources naturelles. Avant de lancer son projet en 2008, l’agriculteur s’était fait confirmer par écrit, la disponibilité de 800 hectares de terres publiques pour son projet, que le ministère s’engageait à lui louer. «Moi, dans ma tête, c’était réservé, acquis. On ne part pas un projet de cette ampleur-là sans avoir quelque chose d’acquis», a-t-il dit au Journal.

Or, en 2010, Hydro-Québec commence l’installation de pylônes sur des parcelles de terrains où la culture de bleuets était prévue. Le syndicat de l’Union des producteurs agricoles et M. Maloney soutiennent que le MRN aurait recommandé à Hydro-Québec de ne pas indemniser l’entreprise agricole pour les parties exploitées, et ce, même si des travaux de mises en valeur ont été amorcés en parallèle. «Le MRN leur aurait dit de ne pas s’occuper de nous», déplore Jacques Maloney.

Pour le moment, quatre des pylônes installés sur sept sont reconnus par le MRN comme étant problématiques pour M. Maloney. Cependant, la partie ouest de son projet ne mérite pas de compensations, selon le ministère. «Qu’il s’installe là, je peux comprendre. Je sais que ce n’est pas notre projet qui va arrêter la ligne électrique. Sauf que je veux qu’il me reconnaisse. Que je suis là et que j’ai droit à des compensations», a-t-il martelé.

Compensations attendues
Le déneigement des installations d’Hydro-Québec créé un corridor de plus de 300 pieds de large devant la plantation, qui doit absolument être couverte de neige pour sa protection. Le propriétaire de la bleuetière a déjà investi certaines sommes pour l’installation de clôtures à neige, afin de favoriser la pousse de bleuets, malgré la présence des pylônes.

Pour ces travaux, une compensation lui aurait été verbalement promise à M. Maloney, avant qu’il aille de l’avant. «Quand est venu le temps de m’envoyer le chèque, on m’a dit que c’était conditionnel à ce que je signe pour l’autre partie », a rapporté M. Maloney.

Le propriétaire est conscient que sa plantation occupe présentement environ 250 hectares sur les 800 visées, mais il se base sur l’engagement du ministère à lui louer ces terres, pour demander un dédommagement. «Je ne peux pas arriver pis développer 800 hectares de bleuetière en un an ou deux. C’est dans le bois, faut prendre le temps de travailler ça, c’est très long», a-t-il fait valoir.

Reconnaissance
Hydro-Québec aurait déjà fait une proposition à l’entreprise Les Bluets de la Minganie, pour des compensations en lien avec seulement une partie de son projet. Elle aurait été jugée «non raisonnable» par Jacques Maloney, qui souhaite avoir une offre pour la totalité de sa bleuetière en développement. «Quand je vais être reconnu, je vais faire des négociations pour les compensations. Je veux que des agronomes viennent faire l’évaluation. Je ne veux pas que ce soit moi qui le fasse, ou personne d’autre. Je veux que ce soit des gens compétents», a-t-il souligné.

L’entreprise Les Bleuets de la Minganie produit présentement 65 000 livres de bleuets annuellement sur ses terres situées entre Magpie et Rivière St-Jean. À la fin de son développement, la bleuetière se classerait parmi les plus vastes au Québec et produirait plusieurs centaines de mille livres du fruit à chaque récolte. Jusqu’à maintenant, 1,2 million dollars a été investi dans le projet.

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