Groupes citoyens : Le projet devra subir des «changements majeurs»

Par Fanny Lévesque 24 février 2014
Temps de lecture :

Les groupes populaires opposés au projet d’exploitation d’une mine d’apatite à Sept-Îles ont salué le rapport «scientifique solide et bien documenté» du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), rendu public le 19 février. À leur avis, Mine Arnaud devra opérer des «changements majeurs» à son projet minier pour qu’il devienne acceptable aux yeux de Québec.

Les conclusions de la commission d’enquête du BAPE viennent renforcer les positions du Regroupement pour la sauvegarde de la grande Baie de Sept-Îles, du Comité de défense de l’air et l’eau et du Comité de citoyen du canton Arnaud, qui demeurent persuadés que le dépôt du projet est à ce jour «prématuré sur les plans environnemental, social et économique.»

En conférence de presse vendredi, les groupes citoyens ont mis en lumière le sérieux des recommandations du BAPE. «Ce n’est pas quelques études qui manquent, c’est l’ensemble du dossier qui est jugé incomplet», a soulevé Louise Gagnon. Les comités déplorent du même souffle que plusieurs éléments absents du rapport du BAPE, seront évalués par les experts des ministères provinciaux. «Ni la population, ni les commissaires n’ont pu prendre connaissance durant les audiences, ce qui est inacceptable. Les négociations se passent à huis clos entre les fonctionnaires et Mine Arnaud», déplorent-ils.

Recommandations bien accueillies
Les groupes sont également heureux de constater que plusieurs de leurs préoccupations l’ont aussi été par les commissaires du BAPE. Par exemple, la commission indique qu’une «évaluation exhaustive» de la baie de Sept-Îles s’impose. Le BAPE est aussi d’avis que les risques reliés au tassement des sols et de glissement de terrains devront être mieux documentés.

Le Bureau d’audiences publiques émet également certaines craintes face au manganèse atmosphérique et somme le ministère d’exiger du promoteur le respect des critères en tout temps. Le BAPE abonde aussi dans le sens que Mine Arnaud devra «tout mettre en œuvre pour réduire le plus possible le niveau d’exposition» aux particules fines. Le BAPE constate enfin, la présence de silice cristalline dans le gisement exploité par Mine Arnaud.

Lac des Rapides
La commission d’enquête conclut également que les activités de Mine Arnaud ne contribueront pas à l’acidification du lac des Rapides. Sur cette seule conclusion, les regroupements émettent certaines réserves. «Nous considérons que les commissaires n’avaient peut-être pas toute l’information requise pour mieux évaluer l’état du lac, études qui ne sont pas encore déposées», a fait valoir Denis Bouchard.

Pas une «liste d’épicerie»
Les groupes citoyens rappellent enfin que les recommandations du BAPE ne sont pas qu’une simple «liste d’épicerie» sur laquelle, on cochera des items. «C’est la proximité de la mine avec le milieu habitué qui est au centre des problèmes, a indiqué Karine Bond. Il faut plus que des études complémentaires pour boucher des trous (…) Ce sera au promoteur et aux investisseurs de décider s’il est raisonnable de continuer des études à coup de millions.»

La question du référendum
Dans son rapport, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) conclut que la tenue d’un éventuel référendum municipal sur le projet Mine Arnaud viendrait «dans les circonstances et les conditions actuelles» contribuer à la «cristallisation des positions». Les regroupements citoyens, qui ont longtemps revendiqué l’exercice, sont toujours d’avis que ce sera à la population de décider, cependant, le moment n’est pas encore déterminé.

Partager cet article