Bécasseau maubèche: B95 est attendu avec impatience en Minganie

Par Éditions Nordiques 4 juin 2013
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Encore cette année, B95, le célèbre Bécasseau maubèche rufa, a entrepris son extraordinaire migration annuelle. Vers la fin d’avril, avec quelques 15 000 oiseaux de son espèce, il a quitté son aire d’hivernage, l’extrémité sud de l’Amérique, en Terre de Feu, pour se rendre dans l’Arctique canadien où se reproduit cette sous-espèce de bécasseaux. Ceci représente un trajet à parcourir d’environ 30 000 km aller-retour.

Généralement, en cours de voyage, les bécasseaux maubèches rufa font escale en mai dans la Baie de Delaware. Après avoir repris leurs forces en se nourrissant d’œufs de limules, tous ces bécasseaux reprennent leur vol jusqu’à leur aire de nidification, en Arctique canadien. B95 est du voyage, c’est confirmé. Il y a été officiellement localisé, plus précisément à Mispillion Harbour, le 16 mai dernier.

Après la reproduction qui se fait habituellement en juin, les bécasseaux maubèches rufa retournent vers le sud pour y hiverner. En Amérique du Nord, la Baie James et l’archipel de Mingan constituent leurs principales haltes migratoires automnales. Ils s’y posent généralement entre la fin de juillet et la fin septembre.

«Nous espérons vivement revoir B95 cette année lors de son retour de l’Arctique. B95 est le plus vieux bécasseau maubèche rufa connu. Il est âgé d’au moins 20 ans. Quand on sait que l’espérance de vie du Bécasseau maubèche rufa est de 7 à 8 ans, c’est vraiment incroyable», a mentionné Marie-Andrée Vaillancourt, agente d’éducation et de diffusion externe à la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan.

Près de la moitié de la population de bécasseaux maubèches rufa s’arrête chaque année à l’archipel de Mingan pour se reposer et s’alimenter avant de reprendre leur route vers leur aire d’hivernage. L’archipel de Mingan, cette aire protégée, est souvent la seule halte qu’ils feront pour refaire le plein d’énergie avant de reprendre le grand départ vers la Terre de Feu, au sud de l’Argentine. Tous ces bécasseaux sont attirés par la faune marine très abondante qu’ils trouvent à l’archipel de Mingan.

Pour les chercheurs internationaux qui suivent cette espèce menacée depuis de nombreuses années, cet archipel est le lieu idéal d’observation de regroupements de juvéniles permettant d’obtenir une idée du succès reproducteur. C’est aussi l’un des rares endroits où ils sont en mesure de capturer des juvéniles afin de leur installer des géolocalisateurs. Ces minuscules appareils qui permettent de connaître le trajet migratoire de ces oiseaux et leur biologie. «Parcs Canada est fier de se joindre aux efforts internationaux de sensibilisation et d’éducation visant à assurer la survie de cette espèce en voie de disparition» a précisé Marie-Andrée Vaillancourt.

«B95 est né en 1993 ou avant, car il était déjà adulte lors de la première capture en Argentine en 1995. Il a été aperçu à plusieurs reprises à Mingan depuis 2006, surtout après la mi-août, ce qui est indicateur que ce mâle semble avoir niché avec succès. Les mâles qui n’ont pas de succès de reproduction migrent plus tôt. Comme la distance minimale de sa migration est d’au moins 15000 km par trajet nord-sud ou sud-nord, il a ainsi parcouru au moins 600 000 km au cours de sa vie. Tout un marathonien!» a mentionné Yves Aubry, biologiste du service canadien de la faune, responsable au Québec du programme de surveillance du Bécasseau maubèche rufa.

Au cours de sa vie, B95 a parcouru plus d’une fois et demie la distance Terre-Lune, de là son surnom: Moonbird.

Texte: Charlotte Cormier
Photo : Christophe Buidin

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