Taux d’inoccupation de 0,2%: La crise du logement s’intensifie

Par Fanny Lévesque 21 mai 2013
Temps de lecture :

La crise du logement à Sept-Îles semble loin de se résorber. Les conclusions du rapport de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement, initié par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), sont accablantes. Le taux de logements inoccupés atteint 0,2% à Sept-Îles, et chute jusqu’à 0% dans les loyers de trois chambres et plus. Le FRAPRU somme les gouvernements d’agir rapidement pour éviter une crise sociale encore plus grave.

«On parle que Sept-Îles est la capitale du Plan Nord, je pense que Sept-Îles est plutôt en train de devenir la capitale de la crise du logement», s’est exclamé la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, qui est venue exposer jeudi, les fruits de la commission populaire. En octobre 2012, l’équipe de commissaires indépendants du FRAPRU s’est arrêtée à Sept-Îles pour prendre le pouls de la population en matière de logement.

«La situation ici est particulièrement inquiétante, la pénurie de logements est de plus en plus dramatique», a ajouté Mme Laflamme. En 2006, le taux d’inoccupation atteignait 2,3%. Il a chuté à 1,2% en 2007, puis à 0,8% en 2008 pour finalement se fixer à 0,2% en 2012. «On parle de rareté extrême», a-t-elle précisé. Pour que le marché soit considéré comme équilibré, ce taux doit se placer à environ 3%. Les villes de Rouyn-Noranda et Val-d’Or sont aux prises avec des données similaires.

Actions pauvreté

Actions pauvreté

Boum économique
Selon le FRAPRU, le boum économique lié au développement rapide du Nord québécois n’est pas étranger à la rareté des logements. «Ça entraîne l’arrivée massive de travailleurs, qui ont de bons salaires et qui peuvent payer plus cher pour les logements», a-t-elle expliqué. Depuis 2005, le prix moyen des logements a bondi de 20% à Sept-Îles.

Pour l’heure, le coût moyen pour un logement se fixe à 583$ à Sept-Îles, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logements (SCHL). «Ces données ne tiennent pas compte de la réalité, c’est beaucoup plus que ça, indique Mme Laflamme. Il y a plusieurs enjeux à considérer par exemple, de plus en plus de locataires n’ont pas de bail, ce qui fausse les données.»

Effets pervers
La rareté des logements donnerait également plus de pouvoirs aux propriétaires qui en profitent pour faire du profilage racial et de la discrimination. «On voit souvent la mention «pour travailleurs seulement» dans les annonces (…) la pénurie entraine l’aggravation de l’itinérance et le harcèlement exercé par certains propriétaires pour se débarrasser de locataires dits «moins rentables»», a raconté la porte-parole du FRAPRU. Cette situation se traduit également par l’augmentation de la pression sur les organismes communautaires, dont les ressources sont limitées.

Implication des gouvernements
Le FRAPRU est d’avis que la solution à la pénurie de logements sociaux, ressentie dans l’ensemble de la province, passera par l’implication des gouvernements. «Québec construit 3000 logements sociaux annuellement, mais Sept-Îles ne se qualifie pas parce que les programmes gouvernementaux ne sont pas adaptés aux réalités régionales, comme les coûts de construction plus élevés», a expliqué Mme Laflamme.

Selon l’organisme, le gouvernement doit profiter de la mise en place de son développement nordique pour autoriser la construction de logements additionnels. «Je trouve ça honteux qu’on annonce des investissements à coup de millions, mais qu’on ne donne rien pour le logement social», a-t-elle ajouté, en faisant allusion à la visite à Sept-Îles de Pauline Marois, qui a annoncé 85 millions $ pour les municipalités nordiques.

À Sept-Îles, plusieurs projets de développement immobilier sont sur les planches, mais les prix de location sont encore trop élevés pour répondre au besoin de la classe appauvrie de la société. Le FRAPRU rappelle que Québec n’a pas procédé à la construction d’immeubles de type Habitation à loyer modique (HLM) depuis 20 ans.

PHOTO: La porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, le porte-parole d’Occupation quadruple, Jean-François Albert, la coordonnatrice d’Actions pauvreté Sept-Îles, Joanie Gaudreault et le porte-parole d’Actions pauvreté Sept-Îles et directeur de Transit Sept-Îles, Doris Nadeau. (Photo : Le Nord-Côtier)

Partager cet article