CSSS: recruter pour diminuer la pression

Par Éditions Nordiques 6 mars 2012
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Du 20 au 24 février dernier, les Centres de santé et des services sociaux (CSSS) de la Basse-Côte-Nord, de Port-Cartier et de Sept-Îles ont mené une campagne de recrutement dans les régions de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, ce qui a choqué des élus de ces régions. Les CSSS se défendent pourtant d’y avoir volé des travailleurs.

Pour la directrice réseau des ressources humaines et du développement organisationnel des CSSS de la Basse-Côte-Nord, de Port-Cartier et de Sept-Îles, Nadine Lapierre, cette campagne de recrutement est un succès. «Nous avons rencontré plus de 80 personnes et nous avons embauché deux personnes. Ceux-ci ne proviennent toutefois pas de la Gaspésie.» Mme Lapierre croit que ceux-ci ont quand même soumis leur candidature suite au battage médiatique entourant cette campagne de recrutement. Elle a aussi reçu des candidatures pour des domaines pour lesquels ils n’étaient pas spécifiquement en recherche.

Pression sur le personnel
Cette campagne de recrutement est pour venir combler le manque d’infirmiers auxiliaires et de préposés aux bénéficiaires des trois CSSS. «Pour réussir à éviter les heures supplémentaires et le recours à des agences privées, il nous en faut une cinquantaine», a expliqué Mme Lapierre, soit environ 25 infirmiers auxiliaires et 20 préposés aux bénéficiaires.

Et selon la présidente du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ), Nathalie Savanrd, la situation est insupportable pour les employés. «Le temps supplémentaire est rendu un mode de gestion du CSSS de Sept-Îles. Les gens savent maintenant qu’ils vont en faire, c’est rendu le quotidien et c’est très lourd pour le personnel.»

Infirmières

Infirmières

La représentante syndicale soutient d’ailleurs que le taux d’absentéisme pour maladie a augmenté d’un peu plus de 1% en deux ans, se situant à près de 10% en 2010-2011. «C’est sûr qu’il y a des taux assez élevés d’absentéisme dû aux maladies», soutient Mme Savard, qui n’a toutefois pas de données sur les cas d’épuisement professionnel seulement.

Le syndicat n’est pas tendre envers la réorganisation des départements présentement en cours dans les CSSS. «Ils ont fait des transformations et depuis, il y a un manque dans certains secteurs où il n’y en avait pas.» Le syndicat ne sait pas encore si c’est directement relié, mais elle se pose des questions. Nadine Lapierre se défend bien d’avoir créé le problème. «Si on n’avait pas réorganisé, c’est de 100 employés que nous aurions besoin!» Ces chambardements devraient être terminés d’ici l’été, estime la direction des CSSS.

Pourquoi la Gaspésie?
Le préfet de la Haute-Gaspésie n’a pas été tendre envers la campagne de recrutement, la jugeant inacceptable. Encore une fois, Nadine Lapierre se défend d’avoir nui à la péninsule gaspésienne. «On se doutait qu’il y avait un manque d’infirmiers chez eux, mais pas du côté des infirmiers auxiliaires et des proposés aux bénéficiaires. Nous avons fait le pari qu’ils avaient des situations précaires. Ils ont aimé nos offres qui leur permettent une stabilité. Si des professionnels de la santé peuvent trouver leur bonheur sur la Côte-Nord, tant mieux. Ils participent quand même au réseau de la santé.» Elle souligne aussi que le recrutement interrégional est fréquent.

Malgré le succès vanté par Nadine Lapierre, le problème n’est pas encore résolu pour les CSSS de la Basse-Côte-Nord, de Port-Cartier et de Sept-Îles. Parmi les autres solutions, la direction veut améliorer sa rétention, continuer à visiter les salons de l’emploi et faire appels aux programmes de stages. Elle continuera aussi son recrutement au Cégep de Sept-Îles, qui ne peut suffire à lui seul le manque de personnel.

«Il sort environ une vingtaine de finissants par année. Certains vont ensuite au baccalauréat, d’autres ne réussissent pas l’examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec (OIIAQ), ça diminue le nombre de candidats.»

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