Développement économique Sept-Îles s’intéresse aux coûts de construction

Par Fanny Lévesque 17 janvier 2012
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Développement économique Sept-Îles entreprend dès cette semaine une importante autopsie des coûts de construction, apparemment de 35 à 40% plus élevés qu’ailleurs au Québec. Avec plusieurs projets de construction sur la table à dessin, Sept-Îles n’a pas l’intention de laisser cette hausse des coûts mettre un frein à son développement.

La semaine dernière, la Commission scolaire du Fer a publiquement déploré devoir payer 2 millions $ de plus pour la construction d’une nouvelle école primaire, estimée initialement à 7 millions $. Selon son président, les coûts de construction plus élevés à Sept-Îles qu’ailleurs en province seraient à l’origine des dépassements des budgets.

C’est pour mieux comprendre les coûts de construction sur la Côte-Nord que Développement économique Sept-Îles réalisera une consultation, en trois phases, qui assoira à la même table les grands donneurs d’ordre de Sept-Îles et Port-Cartier et les entrepreneurs locaux. «On ne peut pas toujours se faire taxer d’être plus cher», s’est exprimé le président de la corporation, Luc Dion. «Ce n’est pas vrai que ça coûte 40% plus cher, mais oui, ça se peut. Voilà, il faut comprendre pourquoi.»

La Corporation de développement concède aussi que certains facteurs d’inquiétude ressentis chez les entrepreneurs, notamment en raison des coûts de transports et de la rareté de la main-d’œuvre, peuvent peser dans la balance. «On pourrait par exemple mieux préciser les appels d’offres ou organiser des visites pré-soumissions comme le fait Hydro-Québec pour enlever le mystère [autour des projets à Sept-Îles]», a expliqué M. Dion.
D’ores et déjà, le président de Développement économique Sept-Îles croit qu’en raison de l’effervescence économique que connaîtra la ville d’ici les prochaines années, la baisse des coûts de construction passera inévitablement par une meilleure planification des ouvrages.

Des coûts plus élevés
Certains entrepreneurs locaux s’entendent pour affirmer que la construction peut coûter plus cher à Sept-Îles. Placements P. Noël, qui vient de compléter la première phase de son projet de 54 unités de logements sur la rue Cummings, soutient que les coûts peuvent facilement être de 30% plus élevés dans la région. Il attribue même au manque de disponibilité de la main-d’œuvre le retard de trois mois qu’il a essuyé sur son échéancier initial.

Un autre entrepreneur rencontré par Le Nord-Côtier a pour sa part confié devoir jongler quotidiennement avec une main-d’œuvre peu accessible, des coûts de transport des matériaux plus élevés, mais aussi avec une rareté de sous-traitants spécialisés. «Pas moyen de trouver un plombier à Sept-Îles, un moment donné la facture monte. Quand on va chercher un travailleur ailleurs, c’est rendu 115$ par jour de plus pour le logement», a-t-il confié en préférant conserver l’anonymat.

Selon lui, les firmes de professionnelles et les autorités gouvernementales devraient également être plus au courant des réalités nordiques avant de conclure que les coûts sont trop élevés. «Chaque fois qu’on travaille avec des professionnels de l’extérieur, les projets dépassent toujours le budget (…) on nous fait souvent passer pour des bandits, mais il y a une grande méconnaissance, notamment du climat», a-t-il ajouté. Sur la Côte-Nord, les entreprises doivent faire preuve d’une logistique implacable pour livrer les projets dans les délais, malgré les aléas de Dame nature, selon l’entrepreneur.

Au terme de sa consultation, Développement économique Sept-Îles entend d’ailleurs exposer ses résultats à Québec «pour que ceux qui analysent les dossiers connaissent la situation», a conclu Luc Dion.

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