Piétacho exige toujours des excuses de Bonnardel

Par Éditions Nordiques 6 Décembre 2011
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Le chef d’Ekuanitshit, Jean-Charles Piétacho.

Près d’un mois après les propos controversés de François Bonnardel, député adéquiste de Shefford, sur les sommes reçues par la communauté innue de Ekuanitshit d’Hydro-Québec, le chef Jean-Charles Piétacho a redemandé, encore une fois, des excuses, dans une lettre envoyée le 28 novembre dernier.

Après une première lettre du chef du Conseil des Innus de Ekuanitshit, Jean-Charles Piétacho, le député adéquiste François Bonnardel a bien tenté de nuancer et d’expliquer ses propos. Il se défend bien d’avoir voulu généraliser et invitait à bien relire la transcription ses propos. «Vous verrez par vous-mêmes que j’ai uniquement cité les faits rapportés par Hydro-Québec, et qu’il n’est en aucun cas question de généraliser des problématiques sociales à l’ensemble d’une nation.»

Toujours dans sa lettre du 10 novembre dernier, M. Bonnardel explique sa position. «En raison de gestes honteux de nos ancêtres, plusieurs membres de communautés autochtones du Québec, dont la vôtre, vivent encore aujourd’hui de graves problèmes sociaux. Lorsqu’on nous a appris que l’argent d’Hydro-Québec avait aggravé une situation déjà difficile dans votre communauté, nous avons choisi de demander au gouvernement de se mettre en mode solution.»

Jean-Charles Piétacho

Jean-Charles Piétacho

Propos disgracieux
Jean-Charles Piétacho juge toutefois les explications du député insuffisantes. «Depuis toujours les Premières Nations ont eu à subir les bonnes intentions des autres. Celles des premiers Européens, celles des missionnaires, celles de la Compagnie de la Baie d’Hudson, du ministère des Affaires indiennes […]. Vous avez un proverbe qui dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions.»

Le chef de Ekuanitshit fait ensuite un clin d’œil qu’il pourrait lui aussi donner des conseils à l’ADQ, mais qu’il ne le fait pas, «parce [qu’il] n’a jamais marché dans [leurs] souliers». Il invite le député à mieux cibler sa bataille. «Si vous avez des problèmes avec la culture secrète d’Hydro-Québec, menez votre bataille auprès de votre société, mais, de grâce, n’utilisez point dans votre bataille nos maux sociaux que nous n’avons jamais niés.»

Finalement, M. Piétacho réinvite François Bonnardel à visiter la région. «Je ne vous dirai pas de vous mêler de vos affaires. Je vais plutôt vous inviter à nouveau à venir chez nous.» Une occasion idéale pour rencontrer ceux qui «travaillent à amélioration des conditions sociales», et à constater la participation active de la communauté à la vie économique de la région avec ses entreprises. Mais, surtout, lui donne un avertissement. «Vous vous êtes trompés de communauté, car nous prendrons tous les moyens nécessaires pour obtenir les excuses de votre part.»

Appuis régionaux
Le chef du Conseil de Unamen Shipu, Raymond Bellefleur, a tenu à relativiser les appuis que le député de l’ADQ a souligné avoir obtenus de la part de nombreux Innus de la région. «Nous trouvons déplorable et mesquine cette conduite, lorsque François Bonnardel brandit un document signé par Les Innus de la Basse-Côte-Nord comme si son correspondant, George Bellefleur représentait quelque communauté que ce soit.»

«Nous sommons M. Bonnardel de se rétracter publiquement et de présenter des excuses non seulement à M. Jean-Charles Piétacho, mais aussi à la communauté de Unamen Shipu», a terminé le chef Bellefleur.

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