Luc Catellier: une belle erreur de parcours

Par Éditions Nordiques 11 novembre 2011
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Il côtoie les Mario Pelchat, William Deslauriers, Wilfred Le Bouthiller et plusieurs autres interprètes phares de la chanson au Québec. Pourtant, personne ne le connait en dehors du milieu musical. Comme quoi il y a plusieurs manières de faire son chemin dans le showbusiness. Luc Catellier, lui, fait son chemin en martelant les peaux de ses tambours.

Être dans l’ombre plait à Luc Catellier, lui qui est toujours caché derrière sa batterie. «L’anonymat me sied à merveille. Avec les années, j’ai remarqué qu’être à l’avant-plan, d’être connu, c’est un emploi en soi, en plus de la musique.» Ça lui permet en plus de participer à une multitude de projets, ce qui était justement son plan de carrière. Présentement, il tourne avec William Deslauriers et Wilfred Le Bouthiller, avec qui il revient tout juste de la France. Il a joué dernièrement avec Lynda Thalie, Mario Pelchat, Eva Avila, Jean-François Breau et Marie-Mai.

«C’est exactement ce que je veux faire. J’ai des tournées plus stables, avec William et Wilfred, par exemple, je fais aussi du remplacement de temps en temps, comme avec Marie-Mai. J’ai vite vu, dès le début, que la pige m’intéressait. Ça me permet de toucher à tout, à plein de styles», raconte le batteur sur ses multiples collaborations.

Il aimerait bien développer une longue collaboration sur plusieurs années avec un même artiste, mais même si ça se produit, comme ça pourrait arriver avec William Deslauriers qui en est à ses débuts, il devrait quand même continuer à faire d’autres contrats. «Au Québec, on ne peut pas se permettre de faire qu’un seul artiste. Déjà, le salaire ne suffit pas, mais quand sa tournée se termine et qu’il écrit son prochain album, on n’a plus de travail.»

Il y a aussi des choix à faire. Dans la dernière année, il est allé quatre fois en France avec Wilfred, où il cartonne. Si celui-ci décidait d’y déménager, il ne croit pas qu’il le suivrait. Deux tournées pourraient aussi entrer en conflit d’horaires, ou une annulation de dernière minute. «On fait un métier où on ne sait jamais. Tant que c’est pas commencé, même si la veille on se dit que ça va se faire ainsi, on ne sait jamais. Tout est une question de «timing». Tout peut changer.»

Luc Catellier

Luc Catellier

Batteur tardif
Bien qu’il a commencé à jouer du piano à six ans, «et je ne m’appliquais pas, la professeure avait dit à mes parents d’arrêter ça, même», s’exclame Luc, c’est avec la trompette qu’il a passé son secondaire dans les harmonies de Jean-du-Nord et de Manikoutai. «J’ai toujours eu des amis qui jouaient du drum, ça m’a toujours intrigué. Un jour, après mon cinquième secondaire, sans avertir mes parents, j’ai acheté une batterie, une poubelle payée 50$. C’est une erreur de parcours, le drum.»

Cette «erreur», il l’aura quand même poussé plus loin. Après avoir appris sur le tas, il décide de pousser plus loin, en s’inscrivant au Cégep Saint-Laurent, en batterie. «Plus ça allait, plus je voulais approfondir.» Il décide d’ajouter une troisième année à son DEC, en arrangements et compositions. Puis pousse encore plus loin son perfectionnement en allant à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), toujours en batterie.

Jouer pour les autres
Luc Catellier a eu quelques groupes adolescents, à Sept-Îles. Rien de très sérieux, insiste-t-il, mais qui lui auront quand même permis de prendre de l’expérience. «À l’époque, il y avait beaucoup de spectacles à Sept-Îles. En faisant des premières parties, même si ce n’était pas sérieux, on a pu goûter à ça. On était chanceux. À Montréal, ça aurait été beaucoup plus dur.»

Il a déjà eu un groupe à lui, avec deux amis, Jack G. Marinovitch, qui a connu un certain succès dans les radios universitaires et communautaires. «Ça été mon seul band. La pige m’intéresse plus. Encore aujourd’hui, quand on me parle de projet, j’hésite.» On peut le comprendre, peu de groupes réussissent à voyager autant que lui peut le faire comme interprète, alors qu’il a joué en France, en Afghanistan, États unis et même au pied des pyramides, en Égypte. «Avec Lynda Thalie, j’ai été dans des pays que je n’aurais jamais cru pouvoir visiter.»

Et lorsqu’il n’est pas sur une scène ou dans un studio pour battre les peaux pour un chanteur, il donne des cours dans les Centres jeunesse de Montréal, gérés par la DPJ. Depuis quatre ans, il enseigne les rudiments de base et montent des chansons avec des jeunes de 12 à 17 ans. «J’ai toujours adoré travailler avec les jeunes.»

Bref, Luc Catellier prouve que l’on peut briller, même dans l’ombre.

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