Uracan met sur la glace ses projets uranifères

Par Éditions Nordiques 27 mars 2012
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Uracan devait normalement reprendre ses travaux d’exploration uranifère en Minganie le 15 mars, dernier. Plus d’une semaine plus tard, aucun camp de travail n’était activé. Le porte-parole de l’entreprise au Québec, Yvan Loubier, confirme que l’entreprise de Vancouver est en réflexion sur ses investissements en Minganie et que le projet est momentanément sur la glace.

«C’est reporté» a confirmé au téléphone le porte-parole d’Uracan. L’entreprise qui explore des zones uranifères près de Baie-Johan-Beetz et de Natashquan se donne un temps de réflexions afin de décider de son avenir en Minganie. Yvan Loubier ne peut toutefois pas donner d’échéancier sur cette pause, puisque la haute direction ne s’en serait pas donné elle-même.

Ce sont les résolutions des huit municipalités de la Minganie ainsi que celle de la MRC de Minganie qui auraient mené à cette remise en question. «L’acceptabilité sociale, c’est fondamental pour nous», a réitéré M. Loubier. En discutant avec les élus, l’entreprise a pris connaissance du refus des élus locaux de voir naître une mine d’uranium. Plus encore, la majorité des claims d’Uracan sont situés dans les premiers 50 kilomètres longeant la rive, où la MRC a interdit toute activité reliée à l’uranium.

Réaction prudente chez les opposants
Le porte-parole de Minganie sans uranium (MSU), Claude Lussier, ne cache pas sa satisfaction de voir Uracan hésiter à poursuivre ses travaux, mais se refuse de crier victoire. «On est content que le dossier chemine, mais on ne lâche pas le morceau. Tant qu’ils ne diront pas qu’ils partent, on ne lâchera pas.» Il demeure quand même convaincu que, comme Terra Ventures à Sept-Îles, Uracan pliera bagage.

MSU a d’ailleurs un calendrier encore bien rempli pour faire connaître son opinion. En plus de participer à une rencontre citoyenne lors de la visite du premier ministre le 26 mai dernier, le regroupement citoyen ira manifester à Montréal lors d’une rencontre sur le Plan Nord ainsi que le 22 avril, à la Journée pour la Terre. Et le 23 avril, ses banderoles s’envoleront pour la France pour appuyer une manifestation là-bas. MSU compte aussi visiter les campements d’Uracan, pour continuer la pression populaire.

«Tant qu’il y aura des projets d’uranium, comme aux monts Otish, on sera là. Tant qu’il n’y aura pas un moratoire sur l’uranium au Québec. C’est un mouvement mondial, on est dans le mouvement. Le monde ne veut plus de l’uranium.»

Influence minimisée
Yvan Loubier n’accorde de son côté aucune importance au mouvement citoyen de la Minganie. «À part salir une réputation, ils n’ont pas eu d’influence», soutient-il à propos de Minganie sans uranium qui avait déposé une plainte à l’Ordre des ingénieurs du Québec concernant un ingénieur qui était venu rencontrer les citoyens au nom d’Uracan, l’automne dernier. «Il a été blanchi, l’ingénieur» a même ajouté le porte-parole de l’entreprise vancouvéroise.

Une attaque à laquelle Claude Lussier réplique sans hésiter. «Il est vrai que l’Ordre des ingénieurs du Québec ne fera pas de plainte, mais la lettre ne dit pas qu’il n’a pas fait de faute, mais que l’on a mal monté notre dossier.» Le groupe reviendra à la charge, prévient même le militant. «Ce n’est pas pour salir sa réputation, mais on ne veut pas que ce discours soit repris ailleurs. C’était trop gros, on ne peut pas laisser faire ça.»

Quant à son influence, Claude Lussier ne s’étonne pas des propos de M. Lubier. Selon lui, une entreprise n’avouera jamais qu’elle plie devant des groupes citoyens. Dans un même souffle, il admet toutefois que les résolutions des municipalités, de la MRC ainsi que la prochaine refonte de la Loi sur les mines a probablement pesé beaucoup plus dans la balance. Rappelons d’ailleurs que Minganie sans uranium est né après que 7 municipalités aient adopté une résolution contre l’uranium.

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