Optilab: Gaétan Barrette persiste et signe

Par Fanny Lévesque 21 février 2017
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La «délégation élargie» de la Côte-Nord en point de presse à l’Assemblée nationale, mardi.

La sortie de la «délégation élargie» de la Côte-Nord contre le projet Optilab n’ébranle pas le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, qui n’a pas l’intention de reculer dans la mise en œuvre de la centralisation des analyses de laboratoires vers le Saguenay-Lac-St-Jean.

Mardi, les élus de la Côte-Nord, la CSN et les députés péquistes de Duplessis et de René-Lévesque ont livré au ministre Barrette quelque 4000 éprouvettes symboliques signées par des citoyens et plus de 7000 signatures supplémentaires recueillies contre le controversé projet en une semaine dans la foulée de la campagne «Ç’a pas de bon sang!», lancée le 13 février.

«On fait une grosse tempête fondée sur rien et je trouve ça malheureux», a réagi le ministre de la Santé et des Services sociaux en entrevue. Les préfets de la Minganie et de Sept-Rivière, Luc Noël et Réjean Porlier, Yves Montigny de la Ville de Baie-Comeau et les députés péquistes, Lorraine Richard et Martin Ouellet, ont dénoncé le «démantèlement» annoncé «d’un service qui fonctionne» avec l’arrivée d’Optilab.

«Les gens ne réalisent pas que tous les jours ou presque, des prélèvements quittent Sept-Îles», a nuancé le ministre. «Le laboratoire ne fermera jamais, c’est impossible parce qu’un hôpital a besoin d’un service 24 heures sur 24 pour les examens cliniques. À l’autre extrême, il y a les prélèvements qui circulent déjà et entre les deux, il va y avoir Optilab».

Ce qui est loin de satisfaire «délégation élargie» qui craint pour ses services en région. «Ce projet ne peut s’appliquer sur la Côte-Nord, il n’y a pas d’économies, une perte d’expertise et de services aux citoyens», a martelé Mme Richard, appuyée également de sa collègue, Diane Lamarre, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, d’accessibilité aux soins et de soutien à domicile.

«Le projet Optilab, il fait l’unanimité. Personne n’en veut», a réaffirmé pour sa part le président du conseil central Côte-Nord – CSN, Guillaume Tremblay. «Il faut que M. Barrette écoute la population, je lui demande de la sensibilité pour une région comme la nôtre où c’est complètement insensé d’amener un projet comme celui-là», a-t-il poursuivi.

Mais Gaétan Barrette n’est pas de leur avis. «Ce que je déplore, c’est l’enflure des oppositions et la désinformation», a-t-il indiqué. «Quand on parle de délais, c’est faux, du risque, c’est faux aussi. Il y en aura pas plus qu’avant», ajoute le ministre prenant exemple sur “l’émoi” semé en janvier lorsque des échantillons sont restés coincés à Baie-Comeau à cause d’une tempête.

«Ce qu’on ne rapporte pas, c’est ce que ces prélèvements en question, ce sont des tests qui (…) n’ont jamais été faits à Sept-Îles», rappelle-t-il. «Le camion qui a reviré de bord, qu’il y ait 200 ou 400 tests à l’intérieur, ça reste le même camion». Le ministre Barrette rajoute également que son projet Optilab est «asymétrique» et qu’il «sera minimal» sur la Côte-Nord.

Craintes pour l’exode

Avec l’application d’Optilab sur la Côte-Nord, ce sont quelque 80 emplois qui relèveront du CISSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean plutôt que celui régional à compter du 1er avril. Pour le maire de Sept-Îles, qui était aussi à Québec mardi, les agissements du gouvernement ne correspondent pas à son discours voulant revitaliser les régions en pertes démographiques comme la Côte-Nord.

«Une des premières assisses (de l’occupation du territoire) c’est lorsqu’on a des services», a soulevé Réjean Porlier. «Je ne comprends pas qu’on (…) regarde ça et qu’on continue à aller dans ce sens-là, ça va complètement à l’inverse de ce que le gouvernement nous promet, de mettre des efforts pour vitaliser nos territoires», a-t-il dit.

Gaétan Barrette se défend qu’il s’agisse ici de «de pertes d’emplois» mais plutôt “d’une réorganisation administrative”. “Les employés du secteur de la santé, ils relèvent tous de l’État, alors que les intermédiaires changent, ça n’enlève pas à la sécurité d’emploi”. Pour le PQ, il s’agit d’une décision prise «sans consultation» prouvant que M. Barrette «ne se préoccupe pas de l’impact de ses décisions sur les gens qui les vivent».

Québec espère récupérer 75 millions $ avec l’application du projet Optilab dans la province, une cible «moins agressive que celle du Parti québécois (…) qui en décembre 2013 voulait faire un Optilab allant chercher 100 millions $», a rétorqué M. Barrette, qui consent néanmoins que les économies se gagneront davantage à Montréal mais que les sommes seront redistribuées dans l’ensemble du réseau.

 

 

 

 

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