Le bleuet s’organise sur la Côte-Nord

Par Jean-Christophe Beaulieu 11 Décembre 2017
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Tant le préfet de la MRC, Réjean Porlier, que le directeur, Alain Lapierre, se disent ouverts à appuyer tout projet qui leur serait présenté pour développer l’agriculture. crédit photo : Pascal Grenier

Pour faire face aux plus gros joueurs qui achètent de plus en plus de terres sur la Côte-Nord, mais aussi en réaction à l’aide gouvernementale qu’elle dit manquante, l’entreprise Bleuets Grenier et fils s’organise. Elle crée une coopérative qui joint la Côte-Nord et Charlevoix, et espère que cela lui permettra de concrétiser son projet d’usine de transformation du bleuet à Port-Cartier.

Pascal Grenier est vice-président de l’Union des producteurs agricoles de la Côte-Nord et fait aussi partie de l’association des producteurs de bleuets de la Côte-Nord. Il tente depuis quelques mois de mettre sur pied une usine de transformation du bleuet à Port-Cartier, qui serait la première dans la région.

«Écoutez, le potentiel est incroyable ici. Sur la Côte-Nord, on a trois fois la superficie qu’ils ont au Lac-Saint-Jean. Ici, c’est une centaine de milliers d’hectares. Là-bas, c’est environ 35 000 hectares», souligne-t-il. Son entreprise, Bleuets Grenier et fils, tente depuis quelques mois de lancer une usine à Pentecôte. Son plan est de faire de la première, deuxième, et troisième transformation. «On congèle le bleuet, on le déshydrate et au final, on le broie», précise-t-il.

Compétition importante

Senneville (Bleuets sauvages du Québec) et Fortin (Bleuets Mistassini) sont ceux qui ont les seules usines de transformation du bleuet au Québec. De ce fait, ils contrôlent le prix des bleuets, estime M. Grenier. En ce moment, les producteurs arrivent à vendre leurs bleuets 19¢ la livre. «C’est ridiculement bas! Ils ont débâti complètement le développement de bleuetières sur la Côte-Nord. Le prix baisse, mais ça ne se reflète pas dans le panier des consommateurs», dit-il.

Il craint que les deux entreprises achètent de plus en plus de terrains dans la région, Senneville venant tout juste d’acheter la bleuetière à Baie-Trinité et Fortin, celle de Gallix. «Je suis désormais coincé entre les deux. Ils achètent des terres, mais ils ne créent pas de développement, pas d’emplois. C’est juste pour bloquer l’arrivée d’un troisième joueur. Les emplois qu’on créerait ce serait entre autres des opérateurs. Moins d’emplois qu’avec des cueilleurs, mais avec un salaire plus raisonnable».

Plus forts en groupe

M. Grenier est en train de mettre sur pied un regroupement sous le modèle coopératif, qui rassemble la Côte-Nord et la région de Charlevoix. «On travaille avec la SADC depuis cet été. On va être capable de se regrouper pour nos bleuets. En fait, on n’a pas le choix. Les gens de Charlevoix sont dans la même situation que nous», explique-t-il. Ce sera donc une coop de producteurs, pour pouvoir mieux négocier avec les transformateurs, indique-t-il.

Il mentionne qu’il essaie de rallier Sept-Îles avec eux, Serge Poirier et Omer Rail, entre autres. «Ce serait une coop de service un peu plus large que les bleuets, dans le sens où on fournirait des services aux producteurs à l’interne aussi. Avec une coop, les producteurs sont membres de leur propre affaire, se partagent les profits de l’année, ou les gardent pour des moments plus difficiles. La coopérative dans le monde agricole, c’est un modèle d’affaire gagnant que l’on pense à la Coop fédérée, Olymel, Agropur….»

Les deux pieds sur les freins

«Le fédéral serait censé nous aider à mettre l’usine en place, via Développement Canada. Ils ne veulent pas, parce que c’est une usine de congélation. Ils classent ça comme du conditionnement de produit. Leur autre raison pour ne pas nous aider, c’est qu’il y a déjà des usines au Québec. Il y en a quatre et elles sont à douze heures de route. Ce n’est pas logique leur affaire, ils aiment mieux soutenir des gros joueurs», déplore M. Grenier. Il dit travailler aussi avec la Société du Plan Nord à Sept-Îles et ne pas trouver de support auprès d’eux non plus. «La seule affaire qu’ils encouragent, c’est l’industrie lourde. Il faudrait leur dire qu’on va creuser un gros trou et qu’on va planter nos bleuets dans le fond» dit-il, exaspéré. «On dirait qu’ils ont juste les mines en tête, ils ne veulent pas vraiment diversifier l’économie».

Réaction de la députée Lorraine Richard et de la Société du Plan Nord

 

 

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