«Je ne souhaite à personne de vivre ça» – Mike Mckenzie

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Mike Mckenzie

Mike Mckenzie, le chef d’ITUM veut aller de l’avant.

Après un an et demi de démarches judiciaires, le chef de la communauté de Uashat mak Mani-Utenam, Mike Mckenzie, a finalement reçu un verdict de non-culpabilité pour les trois chefs d’accusation auxquels il faisait face. En entrevue avec le Nord-Côtier, l’homme politique a accepté de revenir sur cette saga politico-judiciaire qui a divisé sa communauté.

En mars 2016, Mike Mckenzie est en pleine course à la chefferie et tente de se faire réélire pour un deuxième mandat. Vers la fin de sa campagne, une femme de la communauté a publié un message sur Facebook dans lequel elle alléguait avoir été agressée sexuellement par le chef lorsqu’elle était mineure.

Mike Mckenzie nie. «Je n’ai jamais, en aucune circonstance, commis d’actes pouvant être répréhensibles envers qui que ce soit. Mon âme et ma conscience sont parfaitement libres à ce sujet», avait-il assuré.

Quelques mois plus tard, vers la fin juin, un mandat d’arrestation est officiellement lancé. Le chef d’ITUM est formellement accusé d’attouchements sexuels, d’incitation à des contacts sexuels et d’agression sexuelle sur la même présumée victime. Les faits reprochés se seraient déroulés entre juin 2000 et mai 2001, à Sept-Îles et à Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean.

Un an et demi plus tard, le juge Michel Dionne donne finalement raison à M. Mckenzie en le déclarant non coupable et en qualifiant les témoignages de la poursuivante de «fabulation».

Au nom de l’organisation

Lorsque les accusations tombent officiellement, Mike Mckenzie prend la décision de se montrer plus discret au sein de l’espace public et médiatique. «J’ai beaucoup pensé à l’organisation d’ITUM. J’ai indiqué au conseil que j’allais être moins à l’avant-scène durant le processus judiciaire», dit-il.

Sans être sous les projecteurs, celui qui a toujours clamé son innocence a refusé de se cacher totalement. «J’ai toujours eu la tête haute dans la communauté. Je ne me suis jamais caché, j’ai continué mes activités courantes. J’ai toujours cru en mon innocence.»

Peu après son élection, des femmes sont allées manifester devant les bureaux du Conseil de bande pour demander la destitution du chef. «Il n’y avait pas de loi qui m’empêchait de continuer à exercer mes fonctions. C’est la présomption d’innocence qui prévaut, sinon, n’importe qui pourrait accuser les élus pour les destituer», soutient-il.

Le chef avoue tout de même avoir pensé à se retirer de ses fonctions politiques. «Ça m’est arrivé une fois. Mais après réflexion, je me suis dit que je ne pouvais pas lâcher le mandat pour lequel on m’avait élu», memtonne-t-il.

Dommages collatéraux

Puisqu’il est une personnalité publique, le processus judiciaire a fait en sorte que plusieurs squelettes de son passé ont dû être déterrés et étalés sur la place publique. Le passé de consommation du chef ainsi que d’anciennes histoires d’infidélités sont ressortis. «Ça a été dur pour ma femme de revenir dans de vieilles histoires comme ça.»

L’homme politique souligne ne pas avoir été le seul à être affecté par la situation. «Ça n’a pas été facile au niveau personnel, mais au niveau familial aussi. C’est toute la famille Jourdain et Mckenzie qui a été affectée par cette situation-là. La population qui m’a élu a elle aussi été affectée. Je ne souhaite à personne de vivre ça», dit Mike Mckenzie.

Par ailleurs, il affirme que cette saga lui a quand même permis de se rapprocher de sa famille. «Avec mon retrait temporaire, j’ai pu revenir à l’essentiel, soit la famille. En tant que chef, on délaisse parfois la vie familiale, et là, j’ai pu me rapprocher de mes enfants. Ma famille a toujours été derrière moi. C’est ça le positif que j’ai pu retirer de ça», soulignet-il.

Respecter le verdict

Pour lui, il est difficile de ne pas penser que ces accusations ont fait partie d’un stratagème pour miner sa crédibilité en période électorale. «Aux prochaines élections, j’espère qu’on ne vivra pas encore ce type d’histoire qui vise à détruire un individu qui aide sa population et qui donne son expertise», déplore-t-il.

Après avoir été déclaré non coupable, M. Mckenzie a fait état de «querelles intestines» ayant lieu au sein de sa communauté. Le chef admet que son procès a en quelque sorte envenimé certains conflits intérieurs. Maintenant qu’il est acquitté, il demande à la population de respecter le verdict. «La justice est indépendante, que tu sois chef, ou conseiller, tu ne peux l’influencer. Moi, j’ai continué mon chemin depuis mon élection en 2016, j’ai passé devant la justice et j’ai finalement été blanchi de toute accusation. Il faut donc que les gens respectent le verdict.»

Il dit également ne pas avoir apprécié la couverture médiatique dont il a fait l’objet. «Les médias m’ont jugé trop rapidement, avant même que je passe à la cour. J’ai un peu été insulté par la couverture du dossier par certains médias», dit-il.

Regarder vers l’avant

Maintenant que cette histoire est chose du passé, les conseillers d’ITUM prévoient se réunir bientôt avec le chef afin de discuter des orientations prioritaires à prendre d’ici la fin du mandat. «Maintenant, il faut que tout le monde travaille ensemble, il faut revenir à cet esprit d’unité», avance le chef.

Selon Mike Mckenzie, les dossiers de la gestion de la rivière Moisie, le développement éolien à Pentecôte et l’organisation des Jeux Inter-Bandes de 2019 sont les grands projets sur lesquels ITUM entend se pencher au cours des prochains mois. «Ça, ce sont les grands dossiers, mais il y en a plusieurs d’autres, surtout au niveau de l’éducation et des services sociaux», conclut-il.

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