Mine Arnaud: Investissement Québec et le gouvernement fortement critiqué

Par Éditions Nordiques 16 octobre 2015
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Le gouvernement du Québec et son bras financier, Investissement Québec, sont fortement critiqués par les partis d’opposition et la Coalition Québec meilleure mine à la suite de l’annonce que Yara International cesse d’investir à court terme dans Mine Arnaud. Le président de Développement économique Sept-Îles, affirme qu’il «y a de la récupération politique» dans ces critiques.

Les réactions négatives ont fusé vendredi au lendemain de l’annonce par Investissement Québec que la Norvégienne Yara International «ne voulait pas réinvestir à court terme» dans le projet Mine Arnaud, suspendant ainsi les travaux d’ingénierie de détail «pour une période indéterminée».

La Coalition Québec meilleure mine réclame «l’arrêt du projet et une enquête publique pour faire la lumière sur le fiasco qu’il représente sur les plans social, environnemental et économique». Le porte-parole de la coalition, Ugo Lapointe, croit que «le gouvernement du Québec, doit admettre ses erreurs, mettre fin au projet et présenter ses excuses à l’ensemble de la population de Sept-Îles et aux Québécois».

«Québec doit reconnaître son erreur», affirme M. Lapointe qui réclame aussi qu’Investissement Québec «ouvre tous ses livres, dévoilent toutes les ententes qu’elle avait signées avec Yara» et toutes les correspondances liées au projet.

Cette demande d’enquête publique est appuyée par le député de Québec solidaire, Amir Khadir, qui «se réjouit» de la décision d’Investissement Québec de repousser le projet. «On peut pousser un soupir de soulagement», continue-t-il en mentionnant que «les investisseurs se désintéressent du projet».

Le député fédéral sortant, Jonathan Genest-Jourdain, demande que «le gouvernement provincial réinvestisse les sommes prévues pour le démarrage de la mine dans les services publics et les écoles de la Côte-Nord». Il souhaite aussi la remise en état du site ainsi que son reboisement «dès l’abandon définitif du projet».

Transparence
La députée de Duplessis, Lorraine Richard, «exhorte le gouvernement libéral à faire preuve de transparence dans le dossier». Avec «plus de 30 millions d’argent public déjà engloutis, l’heure de la reddition de comptes a sonné […] Si le gouvernement souhaite vraiment aider la Côte-Nord, il doit cesser les annonces prématurées qui sèment de faux espoirs dans une région déjà durement touchée par le ralentissement des activités minières et les nombreuses pertes d’emplois», a mentionné Mme Richard.

De son côté, la Coalition Avenir Québec (CAQ) affirme que «la stratégie libérale de relance du Plan Nord a du plomb dans l’aile» et se demande si les Québécois vont «revoir la couleur de notre argent» en mentionnant que «le gouvernement a puisé à même les fonds publics pour ce projet» qui «ne compte pas livrer la marchandise de sitôt».

«Récupération politique»
Le président de Développement économique Sept-Îles (DÉSÎ), Luc Dion, affirme qu’il «y a récupération politique» dans les critiques des partis d’opposition, alors qu’ils «font fi de tout ce qui a été fait [dans ce projet-là] au nom de la transparence. C’est 20 ans de travail de mise en valeur du gisement».

M. Dion explique que le contexte économique mondial n’incite pas à l’investissement dans des projets d’envergure. «Je trouve que l’on juge très sévèrement Mine Arnaud. Qui se lance dans de grands projets d’investissement actuellement?», se questionne-t-il.

«Rio Tinto, Alouette, l’industrie forestière, l’aéronautique… Tout le monde est frappé de plein fouet par cette crise économique qui ne finit plus de finir», mentionne le président de la corporation économique.

Il rappelle qu’il n’est pas rare que les partenaires financiers changent d’idée dans ce type de projet, donnant l’exemple d’Aluminerie Alouette.

«Le premier projet est allé à Deschambault, ensuite Reynolds a décidé de doubler sa production à Baie-Comeau. Pour Mine Arnaud, en 2006, on travaillait avec Prayon, des investisseurs belges. Yara n’était pas là», explique M. Dion.

«Au départ, on était quand même surpris d’apprendre la nouvelle. Je ne peux pas dire qu’on est pas déçu», mentionne toutefois Luc Dion. Il affirme cependant que Yara demeure dans le projet, que les travaux terrains comme l’arpentage se poursuivent, ainsi que les démarches pour obtenir l’autorisation environnementale au fédéral.


(Photo: Archives – Le Nord-Côtier)

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