BAPE sur les enjeux de la filière uranifère: Les opposants heureux contrairement à l’industrie

Par Fanny Lévesque 24 juillet 2015
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Les groupes opposés à l’exploration et l’exploitation de mines d’uranium au Québec ont applaudi le rapport du BAPE qui conclut qu’il «serait contre-indiqué de donner le feu vert à l’exploitation de l’uranium dans le contexte actuel». Pour sa part, l’industrie «désapprouve» les conclusions.

Le ministre de l’Environnement, David Heurtel, a rendu public le 17 juillet, le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) portant sur les impacts environnementaux et sociaux de l’exploration et de l’exploitation de la filière uranifère au Québec. Ce rapport conclut qu’il «serait contre-indiqué de donner le feu vert à l’exploitation de l’uranium au Québec dans le contexte actuel».

Le BAPE mentionne que «la gestion des résidus miniers uranifères retient énormément l’attention en raison du fait que leur niveau de radioactivité perdurera pendant des milliers d’années». La commission fait aussi état «des incertitudes et des risques potentiels de ce type de mine» et mentionne qu’une «très large majorité des sociétés civiles et des corps politiques qui se sont exprimés au cours de l’audience publique est contre l’exploration et l’exploitation des mines d’uranium, ce qui se traduit pas une très faible acceptabilité».

Le ministre a annoncé qu’une analyse en profondeur des conclusions du rapport sera faite par un comité interministériel au cours des prochaines semaines.

«Le gouvernement prendra le temps nécessaire pour réaliser une analyse sérieuse et rigoureuse de l’ensemble des conclusions du BAPE […] Au Québec, la mise en valeur de nos ressources doit se faire de façon responsable, jamais au détriment de la sécurité de la population et de la qualité de nos milieux de vie», a affirmé le ministre Heurtel.

«Biaisé» selon l’industrie

Ces propos du ministre réjouissent l’Association minière du Québec (AMQ) qui «salue» la décision du ministre de «prendre le temps de bien analyser le rapport d’enquête […] avant de statuer sur l’avenir de cette filière». L’Association de l’exploration minière du Québec (AEMQ) «désapprouve les conclusions, malheureusement prévisibles, des travaux du BAPE».

Selon eux, «la commission a adopté une approche sélective et biaisée dans l’exécution  de ses travaux en choisissant les mémoires pouvant être reçues ainsi que les villes où des audiences ont été tenues; villes où l’opposition au secteur minier québécois est fortement présente». «Notre industrie s’attendait à ce que les travaux du BAPE soient impérativement  neutres et impartiaux, c’est malheureusement le contraire qui est survenu», continue l’AEMQ.

Les opposants aux anges

Les gens de Sept-Îles sans uranium «sont heureux des conclusions du rapport du BAPE […] qui confirment les inquiétudes citoyennes étaient bien fondées sur la Côte-Nord et partout au Québec». La Coalition Québec meilleure mine se réjouit également.

«Nous demandons maintenant à Québec de mettre en œuvre les conclusions du BAPE et de suivre les exemples de la Colombie-Britannique et de la Nouvelle-Écosse en légiférant contre l’exploitation de ce type de mines au Québec», a affirmé Dominique Bernier de la coalition. L’Association des Premières nations du Québec et du Labrador accueille favorablement les recommandations du rapport «qui ne font qu’appuyer (leur) position».

Le 3 mars 2014, le ministre de l’Environnement de l’époque, Yves-François Blanchet, a demandé au BAPE «une commission dont le mandat consiste à tenir une enquête et une audience publique sur la filière uranifère et porte sur l’ensemble du territoire québécois». La commission s’est déplacée à Sept-Îles en juin et novembre 2014.

En 2009, des travaux d’exploration d’un gisement d’uranium au lac Kachiwiss, près de Sept-Îles, avaient suscité une importante mobilisation de la population, dont celle d’une vingtaine de médecins, qui disaient songer quitter la ville si une mine d’uranium voyait le jour.


 

 Le BAPE ne donne pas le feu vert à l’exploitation de l’uranium au Québec.

(Photo : Archives – Le Nord-Côtier)

 

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