Cliffs Natural Resources: Les retraités de Wabush plongés dans l’incertitude

Par Fanny Lévesque 6 juillet 2015
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Près d’un millier de retraités de Cliffs Natural Resources vivent dans l’incertitude depuis que la minière a suspendu ses paiements à la caisse de retraite de sa division Mines Wabush.

Le géant américain, dont les installations se trouvent sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers, a cessé le 1er juin de contribuer au bas de laine des travailleurs retraités de la mine Scully au Labrador et de ceux de Pointe-Noire, en plus d’interrompre la protection d’assurance collective. La mesure doit durer le temps que durera le processus légal de restructuration de la société.

D’ici là, les retraités n’ont aucune idée s’ils verront leur régime amputé et surtout, de combien il pourrait l’être. Le Syndicat des Métallos cherche de son côté à connaitre l’ampleur du déficit de la caisse de retraite pour essayer de «sauver les meubles». Au 1er janvier 2015, la dette s’élevait à 23,3 millions $.

«Pour l’instant, les retraités reçoivent 100% de leur prestation, ce qui a pour effet de vider la caisse», a expliqué le représentant syndical, Gilles Ayotte.

«Il faut savoir l’état de la caisse et commencer à amputer les prestations pour assurer la pérennité du régime», a-t-il poursuivi.

Les Métallos songent d’ailleurs à prendre des recours légaux pour obtenir à tout le moins «ces informations pertinentes».

«Frustrés et démunis»

À Sept-Îles, la nouvelle touche 300 retraités. «C’est des voleurs», a scandé au Journal un ex-ouvrier, en marge d’une rencontre d’information organisée la semaine dernière, par le syndicat pour rassurer ses membres. «Tu bâtis ta vie en fonction d’une base et puis pow! Du jour au lendemain, ils te coupent les jambes», a renchéri un autre.

«Ils se sentent frustrés, démunis, ils trouvent ça injuste», avance M. Ayotte, qui dit entendre des «histoires cauchemardesques» depuis l’annonce de la minière. «Il y a retraité par exemple qui est en résidence et qui souffre d’Alzheimer. C’est son fils qui s’en occupe. Il compte sur la retraite de son père pour lui payer un logement adéquat. Il fait quoi avec ça?», interroge-t-il.

Les Métallos entendent engager une ressource pour accompagner les retraités et les informer des développements. «Plus on prend de l’âge, plus on devient anxieux. Quand t’es rendu à 75-80 ans, il n’est pas question de retourner sur le marché du travail, alors le problème devient plus gros», illustre M. Ayotte. «On ne les laissera pas tomber».

Changer les lois

Pour Les Métallos, la situation dans laquelle se trouvent présentement les retraités de Cliffs est un autre exemple que les lois «protègent les gros employeurs».

«Il faut changer ces lois pour que les retraités soient désormais considérés comme des créanciers prioritaires, au même titre qu’une municipalité. C’est gens ont donné leur vie à leur employeur. Gagner sa retraite pour ensuite la perdre, c’est tout à fait injuste», a déploré M. Ayotte.

La Cour supérieure du Québec a débouté le 22 juin, les syndicats des retraités de Mines Wabush qui contestaient la requête de Cliffs Natural Resources visant notamment à suspendre ses cotisations à la caisse de retraite. Selon les Métallos, les employés-cadres à la retraite disposent d’un autre régime, mais, seraient dans la même situation que les retraités syndiqués.


 (Photo : Le Nord-Côtier)

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