Plan Nord: La recette Couillard mieux préparée selon les Nord-Côtiers

Par Fanny Lévesque 10 avril 2015
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La nouvelle mouture du Plan Nord contient tous les ingrédients d’une recette mieux préparée qu’en 2011, selon les principaux acteurs de Sept-Îles. Le milieu est unanime l’effet que la version Couillard, qui leur a été présentée mercredi et jeudi dernier à Montréal, est plus adaptée à leurs réalités et celles du marché.

Si les Nord-Côtiers ont encore en mémoire le lancement, encore là en grande pompe, du Plan Nord sous le règne de Jean Charest, ils n’ont pas non plus oublié la chute libre du marché des ressources naturelles, qui s’est amorcée l’année suivante et qui continue de sévir sur partout dans la région. Qu’à cela ne tienne, le gouvernement laisserait aussi moins place à l’improvisation, cette fois, selon eux.

«L’avantage c’est qu’on a tiré des leçons de 2011 avec la surchauffe du nord du Québec. Ça permet dans l’actuelle mouture d’en tenir compte, ce qu’on n’avait pas avant», explique le président de Développement économique Sept-Îles, Luc Dion. «Le concept est mieux défini cette fois (…) La grande différence c’est qu’avant, on traitait plus à la pièce».

Le maire de Sept-Îles abonde dans le même sens. «Ça tirait dans tous les sens, il y a avait une prédominance économique et on s’arrangeait avec le reste», souligne Réjean Porlier. «On semble dire qu’on a appris de nos erreurs, qu’on ne peut pas faire le Plan Nord sans les communautés, ni les Autochtones».

Mieux adapté
Québec promet d’ailleurs de mettre en place une série de mesures pour «adapter» ses interventions aux réalités des populations touchées. À l’époque de la frénésie du Plan Nord, des localités comme Fermont et Sept-Îles avaient vu exploser le prix des logements et engorger nombre de services avec l’arrivée rapide de centaines de travailleurs. En ce sens, les Nord-Côtiers saluent l’implantation de la Société du Plan Nord.

«Il y a (dans ce plan) des éléments très intéressants que l’on va pouvoir travailler avec la Société, avec des points d’ancrage qui proviennent du gouvernement. (…) On n’a plus par exemple, à les convaincre des effets du fly-in, fly-out», mentionne Luc Dion. «On est désormais la seule région qui bénéficie d’une société d’État pour son développement, il ne faudrait quand même pas perdre ça de vu».

La voix des travailleurs
Le Syndicat des Métallos constate lui aussi qu’il s’agit d’un plan «plus réaliste, mieux adapté à l’humeur économique», mais déplore l’absence de la voix des travailleurs aux tables de travail. «Qu’on parle de logement ou de fly-in, fly-out, il me semble qu’on aurait notre mot à dire», exprime le coordonnateur régional, Dominic Lemieux.

Néanmoins, le Syndicat n’est pas déçu que Québec parle davantage de la transformation des ressources naturelles dans sa nouvelle version du Plan Nord. «On voit ça d’un bon augure, des emplois dans la transformation aideraient par exemple à traverser les périodes plus creuses, comme celle que l’on vit. Ça fait des années que l’on réclame de la transformation», a ajouté M. Lemieux.

Le déploiement de vaste chantier, qui prévoit des investissements de 50 milliards $ et la création de 10 000 emplois, sera surveillé de près sur la Côte-Nord, qui attend toujours le Klondike promis en 2011. «Je laisse la chance au coureur, mais je suis convaincu que c’est mieux monté que la dernière fois. Maintenant, il faudra voir si l’on va passer de la parole aux actes», a conclu le maire Porlier.

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