Betty Bonifassi: Un rendez-vous musical avec une voix singulière

Par Éditions Nordiques 27 mars 2015
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Dans le cadre des Oreilles dégourdies, le public nord-côtier est invité à découvrir Betty Bonifassi, le 29 mars à 20h à la Salle Jean-Marc-Dion pour y interpréter, entre autres, les chansons de son premier album homonyme dans lequel elle revisite des chants d’esclave. Un projet qui résulte de plusieurs années de recherches afin de les répertorier.

L’idée de ce projet est née il y a 16 ans, alors qu’on lui avait demandé de faire la recherche de chansons pour la production «Des souris et des hommes» de John Steinbeck. En faisant la recherche de textures, l’interprète est tombée sur ces chants qui ont marqué les bases de la musique moderne, selon elle.

«En découvrant le travail des trois patriarches de la famille Lomax, je suis tombée sur un impressionnant répertoire de chansons traditionnelles. Leur travail ayant permis à ces chants de traverser le temps. Pour moi, il ne fait aucun doute qu’ils étaient de grands mélomanes dans l’âme», affirme-t-elle.

Dès le départ, cette chanteuse à la voix unique s’est intéressée à ces chants d’esclave pour les valeurs qu’ils transmettent, dont la force de la résilience, la beauté et la dignité.

«Pendant 400 ans, ces gens se sont sauvé la peau grâce à ces chants qui ont rendu plus agréable leur quotidien, explique-t-elle. Sans musique à la base pour la plupart des chansons, le travail pour les habiller n’a pas été si complexe. J’ai voulu les prendre tel quel et les enrober par de l’électro et du rock. Ça leur apporte une couleur différente, mais ça ne vient pas les altérer.»

Sans vouloir se montrer moralisatrice, l’artiste prend un immense plaisir à mettre en contexte plusieurs des chansons qu’elle interprète sur scène. Des propos qui permettent de réfléchir sur différents enjeux de société dans un monde en perpétuel changement, mais pas toujours pour le mieux, prétend-elle.

«Ces chants sont la preuve du déportement des Africains. On a tenté de tuer leur culture. On s’est attaqué à leur identité. Ce sont des mécanismes de manipulation de masse. Ce qui m’inquiète, c’est que certaines personnes se plaisent, encore aujourd’hui, à utiliser de telles méthodes.»

Une prestation remarquée
En performance à la Rencontre d’automne du ROSEQ, la prestation offerte par la chanteuse s’est avérée un réel coup de cœur pour plusieurs des diffuseurs et intervenants des arts de la scène qui ont pris part à ce grand rassemblement. La plupart d’entre eux ayant apprécié l’humour, dont elle fait preuve sur scène. Un élément de sa personnalité plutôt méconnue jusqu’à maintenant du grand public pour celle qui se démarque dans le paysage musical québécois, en raison de sa voix singulière.

«Quand certaines personnes me disent que je leur transperce le cœur avec ma voix, ça me scie les deux jambes. C’est un beau cadeau du ciel. Si je m’écoute, j’arrêterais maintenant. La musique est une industrie difficile. J’ai vécu trois révolutions. Le plus important c’est de tenir bon et d’en vivre. Je suis une femme résiliente», soutient celle qui a obtenu un succès critique et populaire au sein du défunt duo Beast qu’elle composait avec Jean-Phi Goncalves et aussi par sa collaboration avec DJ Champion.

(Photo : courtoisie)

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