Les syndicats durcissent le ton pour le maintien de la prime de rétention

Par Fanny Lévesque 9 mars 2015
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La Coalition intersyndicale entend défendre bec et ongles le maintien de la prime de rétention de 8%, versée aux quelque 3000 employés de l’État de Sept-Îles et Port-Cartier. Les six syndicats membres de la coalition ont monté lundi, le ton d’un cran en lançant une mobilisation élargie visant à dissuader Québec de retirer l’avantageuse prime.

Le Conseil du trésor dans le cadre de sa négociation avec le secteur public ne peut tout simplement pas abolir la prime de rétention destinée aux travailleurs de la région, ont martelé les représentants syndicaux, qui avaient convoqué les médias dans le hall d’entrée de l’édifice Bissot de la rue Arnaud, où plusieurs services gouvernementaux sont offerts.

«Ce n’est pas un hasard si on se trouve ici aujourd’hui, a lancé le porte-parole de la CSN, Guillaume Tremblay. Le retrait de la prime de 8% va toucher tout le monde, on va se battre, son abolition causerait des effets dévastateurs dans la région», a-t-il assuré. Pour la coalition, l’absence de la prime appauvrira les travailleurs en plus d’affaiblir l’économie régionale.

Selon les estimations du syndicat, le retrait de la prime de rétention viendrait enlever 10 millions $ dans les poches des salariés de la fonction publique. «On parle de 10 millions $ directement, mais ce serait bien plus entre 12 et 13 millions $, si on tient compte des effets sur notre économie, avance M. Tremblay. Le gouvernement pénalise nos membres, mais également l’ensemble des commerçants», a-t-il poursuivi.

Incitatif financier
Instaurée au milieu des années 70, la prime de 8% aux employés de la fonction publique de Sept-Îles et Port-Cartier vise notamment à faciliter la rétention et l’attrait de travailleurs dans la région, où le coût de la vie est plus élevé qu’ailleurs au Québec. «Je représente le secteur minier, a fait valoir le porte-parole de la FTQ, Robert Roy. C’est pas pour rien qu’on parle de fly-in, fly-out, les gens veulent rester à Montréal ou Québec, là le seul attrait monétaire qu’on a offrir, le gouvernement Couillard veut nous l’enlever!»

Par ailleurs, les besoins de main-d’œuvre, notamment dans le secteur de la santé, sont criants, rappelle la coalition, qui craint que l’abolition de la prime ait des impacts sur le roulement de personnel et sur le recours aux agences privées de placement. Des familles songeraient même à quitter Sept-Îles et Port-Cartier, si elles ne peuvent plus compter sur cet avantage, selon les syndicats.

Mobilisation publique
Dès lundi, pas moins de 2000 pancartes arborant le slogan «Perdre 10 millions $ dans la région, c’est NON!» seront installées un peu partout sur le territoire, notamment devant les résidences des citoyens touchés par la prime de rétention. Une manifestation s’organise également dimanche à 10h, simultanément à Sept-Îles et Port-Cartier. Des autobus remplis de supporteurs des quatre coins du Québec sont d’ailleurs attendus en soutien aux travailleurs nord-côtiers.

La coalition planche aussi sur l’élaboration d’un «dossier complet» en allant chercher l’appui d’élus et organisations commerciales et économiques. Une mise à jour des statistiques est également en cours. Les actions grimperont en intensité au cours des prochaines semaines, si Québec ne montre pas d’ouverture au maintien de la prime, promet la coalition.

La Coalition intersyndicale n’entend pas commenter les revendications de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) qui a lancé une pétition afin de maintenir la prime de rétention et l’étendre sur l’ensemble de la Côte-Nord. «On va se concentrer sur nos demandes et sur ce qu’on a actuellement», a mentionné Guillaume Tremblay.

Les porte-parole des organisations syndicales membres de la coalition invitent leurs membres à envoyer un message clair au gouvernement de Philippe Couillard pour le maintien de la prime de rétention de 8%. (Photo : Le Nord-Côtier)

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