Deux visions s’affrontent chez Cliffs

7 août 2014
Temps de lecture :

Avec les changements annoncés cette semaine au sein du conseil d’administration de Cliffs Natural Ressource, l’avenir pour la mine du lac Bloom est loin d’être garantie, selon un chercheur et expert du domaine minier de l’Université Laval.

Cliffs Natural Resource aura à sa tête un nouveau conseil d’administration, après un vote serré tenu lors de son assemblée générale annuelle. Six nouveaux membres siègeront en compagnie de cinq administrateurs ayant été réélus.

La société newyorkaise Casablanca Capital occupe désormais la majorité des sièges, en plus d’avoir fait dernièrement l’acquisition de 5,2 % des actions de la minière. La situation s’avère assez étonnante, selon Richard Poulin.

«C’est un peu surprenant que quelqu’un avec 5 % réussisse à avoir la majorité au conseil d’administration», a indiqué le professeur et chercheur spécialisé dans les mines. «Ça prouve que toutes les autres actions sont toutes dispersées partout, donc eux sont capables d’avoir beaucoup de pouvoir, même s’ils possèdent juste un vingtième de la compagnie.»

Différentes avenues

Depuis plusieurs mois, deux visions s’affrontent chez les dirigeants de Cliffs. La compagnie projette à long terme, alors que Casablanca envisage une avenue plus rapide. «La compagnie dit qu’elle est là pour longtemps, qu’elle souhaite investir dans les infrastructures, développer des mines, bien se positionner dans le marché. Casablanca, eux, disent qu’ils sont là pour faire de l’argent et qu’ils veulent le faire tout de suite», a expliqué le spécialiste.

Les décisions de Casablanca ne prendraient pas nécessairement en compte l’avenir de la compagnie. «Ils vont prendre des décisions maintenant, qui vont faire que peut-être la compagnie va être moins profitable dans 5 ou 10 ans, mais ce n’est pas grave, car ils vont faire de l’argent tout de suite, puis ils vont disparaître», a illustré M. Poulin.

L’avenir du lac Bloom

Malgré des centaines de mises à pied au courant de la dernière année, la fermeture de son usine de bouletage à Pointe-Noire et l’arrêt des opérations à sa mine Scully, Cliffs compte encore dans ses rangs près de 500 employés à sa mine du lac Bloom, près de Fermont. Cette dernière représente un investissement à plus long terme, selon l’expert.

Il faudrait développer la mine, que les prix du marché soient meilleurs, tout comme le positionnement. «Ce sont toutes des affaires qui n’arriveront pas dans six mois ou dans un an. Toutes les choses à long terme, ils vont s’arranger pour les faire disparaitre, pour mettre la valeur sur les affaires à court terme et faire un gain immédiat», a analysé M. Poulin.

Un élément qui pourrait permettre la survie du lac Bloom, selon le spécialiste, c’est l’ampleur des investissements qui y ont déjà été réalisés. «S’il y a déjà tellement d’argent de pompé là-dedans, ils ne peuvent plus reculer. Ce n’est certainement pas le fait que le nouvel actionnaire a une vision qui pourrait le sauver. On est rendu assez loin, qu’on va essayer de couper au maximum, mais on va le garder vivant parce qu’on a trop investi», a avancé Richard Poulin, qui a ajouté que de plus, la mine aurait une plus grande valeur en activité que fermée.

 

(Photo : archives)

Partager cet article