Vols qualifiés: Les commerçants exaspérés à court de moyens

28 mai 2014
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En un an, le nombre de vols qualifiés sur le territoire de la MRC de Sept-Rivières a pratiquement doublé, pour atteindre 27, en 2012-2013. Un nombre jugé «préoccupant» par la Sûreté du Québec et surtout, qui donne du fil à retorde aux commerçants confrontés à composer avec les nombreuses conséquences de ces crimes.

Des gens d’affaires de Sept-Îles sont frustrés de devoir composer trop souvent avec des histoires de vols dans leurs commerces. Ils sont révoltés du stress que ces situations imposent à leurs employés et des pertes financières encourues. Ils en viennent à ne plus savoir quels moyens utiliser pour protéger leurs entreprises, dans lesquelles ils investissent heures et énergie, de ces crimes indus.

Après près d’une vingtaine d’années à œuvrer dans le milieu, c’est arrivé «trop souvent» à Jacques Lafrance, propriétaire de plusieurs commerces de Sept-Îles, d’être confronté à des situations de vols dans ses dépanneurs. Il y a un peu moins de deux ans, un individu a pointé une carabine au canon tronçonné dans le visage des commis de son établissement de la rue Comeau. «Il a planté ça dans la face du monde et il voulait avoir le cash, ça été notre pire histoire», a-t-il relaté, avec indignation.

Lors d’un autre événement, le voleur s’est présenté en exigeant le contenu du tiroir-caisse à la pointe d’un couteau. On peut facilement imaginer que l’expérience se veut traumatisante pour les employés. «Les parents ne veulent plus laisser travailler leur jeune, et les moins jeunes ne veulent carrément plus travailler le soir, parce qu’ils ont tout le temps peur», a illustré M. Lafrance.

Vers la fin de 2013, son dépanneur de la rue Comeau a été l’hôte de deux vols en deux semaines. Sans hésiter, le voleur est entré, s’est rendu derrière le comptoir et est rapidement reparti avec le contenu de la caisse. «Il est venu deux jeudis, je ne sais pas si pour lui sa paye était chez nous», a questionné le propriétaire exaspéré.

Selon les caméras, il a fallu environ 35 secondes à l’individu cagoulé pour repartir avec son magot d’à peine quelques centaines de dollars. «Moi, ce n’est pas le 400$ ou le 300$, c’est mon personnel qui vient toujours craintif et ça devient difficile au niveau des conditions de travail pour eux autres», a-t-il déploré.

À court de moyens
Pour maintenir la sécurité et tenter de rassurer les employés après les événements, l’homme d’affaires a embauché durant un mois un gardien de sécurité à temps plein. Il le fait toujours, d’ailleurs, de manière sporadique pour tenter de décourager les malfaiteurs. «Tu viens à court de moyens», a-t-il dit.

Il a organisé une formation avec un policier, pour ses employés. Ils ont été sensibilisés à agir de la manière la plus sécuritaire possible pour eux en cas de vol et à ce qu’il est utile de retenir, afin d’aider à ce que les fautifs soient appréhendés.

Un nouvel aménagement empêchant les individus de se rendre facilement derrière le comptoir a été fait. L’installation de portes magnétiques qui permettraient aux commis d’identifier les clients avant leur entrée, tard le soir, est envisagée. Jacques Lafrance n’écarte pas aussi la possibilité de réduire ses heures d’ouverture en soirée. Des caméras plus précises ont également été installées. «On va leur faire la vie dure», a-t-il conclu.

Au Gamache
Au dépanneur Gamache, en 20 ans, il n’y avait jamais eu de vol qualifié, jusqu’à la fin de 2012. Soudainement, il y en a eu trois en quelques mois. «C’est arrivé qu’un de nos employés ait été agrippé par le chandail. Il pensait pratiquement que c’était une blague. Au début, il ne voulait pas donner l’argent», a raconté Nadine Gauthier, propriétaire du dépanneur.

La commerçante à l’impression que les voleurs ne sont pas toujours conscients de la gravité de leur geste. «Un vol armé, c’est pris très au sérieux par les policiers. Tu risques de faire de la prison pour à peine quelques piastres», a-t-elle souligné. L’an dernier, un de ses employés aux prises avec des problèmes cardiaques a été la cible d’un des vols. «En faisant le «hold up», ils ne savent pas les conséquences que ça peut amener», a-t-elle avancé.

Pertes financières
Encore lundi, un sixième vol en deux ans et demi est survenu au Centre des congrès de Sept-Îles. Un des propriétaires, Alain Chevarie, a lancé un appel à tous sur Facebook, à quiconque aurait de l’information permettant de retrouver les malfaiteurs. «Je peux dire que j’en ai mon voyage», a-t-il affirmé, visiblement découragé. Il faut préciser qu’en plus, à sa salle de quilles de la rue Régnault, il a déjà vécu des situations de vols à quatre reprises.

Suite à celui survenu dans les derniers jours, 11 bouteilles d’alcool 40oz ont été retrouvées sur le terrain avoisinant le Centre des congrès. Le propriétaire d’entreprises s’étonne de voir à quel point, pour obtenir leur cagnotte, les voleurs font parfois preuve de détermination. «Une fois, ils ont réussi à monter sur le toit avec une échelle, une autre, il y avait un arbre collé sur le toit, et bien ils ont monté dans l’arbre. La semaine passée, ils ont forcé la porte de devant, sur la rue Brochu et personne ne les a vus, c’est malade», a rapporté Alain Chevarie.

Comme les vols ont eu lieu de nuit au Centre des congrès, les employés n’en ont pas été incommodés, cependant, les pertes financières sont non négligeables. Le budget de l’entreprise finit par être affecté de ces événements. «On est une jeune entreprise, ça fait deux ans et demi. On essaie de survivre à toutes les «badlucks» qu’on a eues depuis le début, et pouf, à tout bout de champ, on se fait voler.»

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