Entente ITUM-Hydro 2014 : En route vers le troisième référendum

Par Fanny Lévesque 9 avril 2014
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Gordon St-Gelais, René Richard et Jean-Claude Pinet.

C’est vendredi que les Innus de Uashat mak Mani-Utenam se prononceront sur l’entente de principe, conclue entre la bande et Hydro-Québec, pour compenser les dommages laissés par la présence des ouvrages électriques de la Société d’État sur les terres ancestrales de la communauté. Il y a une semaine, le conseil de bande réitérait l’importance de la signature de l’entente au moment qu’une vingtaine d’Autochtones descendaient dans la rue pour la dénoncer.

Hydro-Québec accepte de verser 75 millions $ en plus d’autres avantages aux les Innus de Uashat mak Mani-Utenam, dont les terres ancestrales sont touchées par différents ouvrages de la Société d’État, notamment ceux de La Romaine. Même si les deux accords précédents ont été rejetés, le conseil Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam (ITUM) est d’avis que la troisième fois sera la bonne.

Mais malgré la mise en place d’une importante stratégie de communication, l’entente avec Hydro-Québec a suscité de l’opposition dans la communauté. Le 1er avril, une vingtaine d’Innus ont pris part à une marche symbolique entre les deux secteurs pour s’opposer notamment au Plan Nord et à la signature d’un accord avec la Société d’État.

Photos: Le Nord-Côtier

Marche du 1er avril

Marche du 1er avril

«Le message a été clair les deux premières fois, a fait savoir l’instigatrice de la marche», Élyse Vollant. «Je ne comprends pas pourquoi il y aura un troisième référendum. Si on prend l’argent et qu’on vend le territoire, qu’est-ce qu’il va rester après?», a-t-elle demandé en invitant sa communauté à se questionner sur l’avenir des jeunes de la bande.

Non au Plan Nord
Le jour même, ITUM a clarifié sa position en réaffirmant que l’entente ne donnait pas l’accord de la communauté au Plan Nord. Le chef Mike Mckenzie a indiqué via communiqué qu’il est clair que le projet de la Romaine est parti pour se faire, avec ou sans les Innus, mais qu’ils ne cesseront pas pour autant de défendre leur droit.

«Nous sommes toujours contre la démarche actuelle qui encadre le Plan Nord ou Nord pour tous et tout développement sans notre consentement. Mais, il faut bien reconnaître que dans le cas du dossier La Romaine, tous nos efforts pour arrêter le projet, devant les tribunaux et ailleurs, n’ont pas mené à un résultat concret», a-t-il mentionné.

ITUM a néanmoins appuyé la démarche de ses membres qui ont marché contre le développement du Nistassinan sans le consentement des Innus. «On ne vote pas pour ou contre les projets d’Hydro-Québec, on fait le choix entre obtenir des compensations maintenant pour le projet La Romaine et des installations d’Hydro-Québec, ou retourner devant les tribunaux, sans aucune certitude du résultat», a-t-il ajouté.

Gestion indépendante
Par ailleurs, le chef confirme que les bénéfices financiers découlant de l’entente avec Hydro-Québec seront gérés de manière indépendante. Au cours de la tenue de consultations communautaires, le conseil affirme avoir été interpellé par de nombreuses personnes à ce propos. «Il est tout à fait légitime pour la population de questionner les élus sur la manière dont les fonds sont gérés», a affirmé M. McKenzie.

Le conseil de bande confiera la gestion des bénéfices à un organisme indépendant du conseil, qui recevra ses consignes directement de la population.

Si elle est acceptée, l’accord réglerait hors cour les litiges entre les parties. Hydro accepterait même d’abandonner les poursuites entreprises contre une vingtaine manifestants autochtones, qui ont participé à l’époque, aux barrages des chemins d’accès des chantiers Romaine et SM-3. L’entente prévoit entre autres l’octroi de contrats de déboisement et une série de mesures relatives à l’emploi, la formation et au développement économique de la communauté. L’accord permettrait aussi la création d’une ou plusieurs fiducies au bénéfice de la bande.

Avec Emy-Jane Déry

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