Bernard Gauthier devra se tenir loin d’un travailleur

Par Fanny Lévesque 21 mars 2014
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L’agent d’affaires de la FTQ-Construction sur la Côte-Nord, Bernard «Rambo» Gauthier, a dû contracté l’engagement hier, d’observer une bonne conduite pendant un an, après que le Tribunal ait tranché en faveur du ministère public, qui avait des raisons de craindre pour la sécurité du travailleur, Harold Richard, à la suite d’événements survenus à l’été 2013.

Deux autres syndiqués, Marc Bérubé et Christian Bouchard, membres de la section locale 791 de l’Union des opérateurs de machinerie lourde, laquelle est représentée par Bernard Gauthier, ont aussi été tenus de souscrire à des engagements similaires, en lien avec les mêmes incidents. Les trois individus ne pourront en aucun cas entrer en contact avec M. Richard, à l’exception de M. Gauthier, dans le cadre de son travail.

Les faits remontent au 18 juin 2013, alors que la grève générale des travailleurs paralyse les chantiers de construction du Québec. Harold Richard, syndiqué de la CSN-Construction, se rend sur les lieux de rassemblement de l’Alliance syndicale, formée à l’époque pour faciliter les négociations, pour récupérer des pancartes. Dès son arrivée sur les lieux, Bernard Gauthier l’interpelle en lui demandant s’il n’a pas honte d’être là, en ajoutant «t’es un plein de marde.»

Les paroles du représentant syndical entraînent alors une série d’insultes de la part des dizaines de travailleurs présents. Ignorant les propos de M. Gauthier, Harold Richard fait son chemin jusqu’à l’intérieur du bâtiment où Christian Bouchard s’impose l’incitant «à deux pouces du nez» à sortir rapidement. Une fois à l’extérieur, M. Richard dit avoir été encerclé d’une trentaine de travailleurs, dont Marc Bérubé, qui l’a «accoté» pour l’escorter jusqu’au trottoir, d’où il est reparti.

Harold Richard a soutenu dans son témoignage qu’il avait encore aujourd’hui des raisons de craindre pour sa sécurité personnelle depuis les incidents. Le plaignant explique que lui et sa conjointe ne se sentent plus en sécurité. Dans le box des témoins, Bernard Gauthier pas nié les propos qu’il a tenus le 18 juin 2013, en affirmant même qu’il «les maintient.» Selon lui, Harold Richard est un travailleur qui «n’est pas apprécié» parce qu’il «vend ses conditions pour travailler.»

Bernard Gauthier et Harold Richard n’en sont pas à leurs premiers démêlés devant les tribunaux. La Commission des relations du travail a donné gain de cause à M. Richard en mars 2013, parce qu’il se plaignait d’avoir perdu son emploi en raison de son allégeance syndicale, en plus d’avoir été victime de représailles de la part de l’agent d’affaires de la FTQ-Construction. Harold Richard tient d’ailleurs Bernard Gauthier responsable des difficultés qu’il éprouve sur les chantiers, depuis qu’il a porté plainte en 2009.

Dans sa décision, la juge Nathalie Aubry concède qu’il est «plus que probable» qu’Harold Richard se soit senti menacé lors des événements et qu’il puisse craindre que d’autres événements semblables se reproduisent compte tenu notamment de «l’agressivité qu’il (Bernard Gauthier) porte» contre le plaignant et de son «manque d’empathie.»

La défense, qui s’est dite surprise de la décision du tribunal, n’exclut pas pour l’instant la possibilité de demander une révision en Cour supérieure. L’engagement conformément à l’article 810 du Code criminel, soit de garder la paix pendant un an, ne crée pas d’antécédents judiciaires.

Bernard Gauthier en attente de l’audition de la plainte au palais de justice de Sept-Îles, en compagnie des deux autres coaccusés dans l’histoire, Marc Bérubé et Christian Bouchard (dos).
(Photo : Le Nord-Côtier)

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