Mine Arnaud : Le débat s’intensifie à l’Hôtel de Ville

Par Fanny Lévesque 11 mars 2014
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Pour une deuxième fois d’affilée, des citoyens en faveur ou non au projet d’exploitation d’une mine d’apatite dans le canton Arnaud ont occupé massivement les places de l’Hôtel de Ville, hier lors de la séance publique. La période de questions qui aura duré un peu plus de deux heures a laissé place par moment à beaucoup d’émotivité. La table du conseil a pour sa part clarifié ses positions envers le projet controversé, en plus de rassurer les citoyens sur leurs intentions.

Après une courte séance régulière d’une quinzaine de minutes, le débat entourant le projet Mine Arnaud a rapidement refait surface. Aux affaires des conseillers, les élus municipaux ont défendu leur prise de position du 24 février dernier, où ils s’étaient majoritairement prononcés en faveur du projet minier, mais pas à n’importe quel prix, invitant même le promoteur à refaire ses devoirs.

«Si le promoteur ne devait pas répondre à toutes les questions et que le gouvernement jugeait que le projet n’est pas acceptable, bien ça ne le sera pas, un point c’est tout. Ça vient de s’éteindre», a indiqué Lorraine Dubuc-Johnson, expliquant que ce qui a été véhiculé depuis deux semaines ne collait pas aux propos tenus par le conseil municipal. «Ce n’est pas go, go, go Mine Arnaud, ni un feu vert. Nous avons dit : laissons le temps à Mine Arnaud de répondre aux questions, en espérant qu’il le fasse.»

Les élus ont également déploré le manque de respect de certains citoyens dans le débat. «J’aimerais faire une mise au point», a lancé Jean Masse. «Il y a des gens qui nous ont traités de marionnettes, c’est faux de penser qu’on est les jouets de la Chambre de commerce. Nous avons été élus démocratiquement et nous avons le devoir de défendre des dossiers pour l’économie de notre ville. Peu importe ce qu’on en dise, je me sens légitimé de le faire.»

Marche citoyenne
Par ailleurs, plusieurs conseillers ont confirmé qu’ils participeront à la marche organisée en faveur du projet de mine d’apatite, ce vendredi. «La marche doit être vue comme une marche en faveur du développement économique de Sept-Îles», a expliqué le conseiller Denis Miousse. «Il faut être de ceux et celles qui lanceront un signal fort et clair : bienvenue à Sept-Îles pour y développer de la grande, moyenne et petite industrie, dans le respect de notre population et des normes.»

Le maire de Sept-Îles a cependant expliqué qu’il ne sera pas de la marche citoyenne, refusant d’appuyer le projet à ce stade-ci. «Ma priorité est le devoir de précaution. Depuis le début je dis que ce projet-là ne se fera pas à n’importe quel prix», a indiqué Réjean Porlier. «Où je suis mal à l’aise, c’est que j’aurais aimé que le promoteur rende le projet acceptable avant qu’on en fasse un enjeu électoral dans la rue. (…) Quand le projet sera acceptable, je vais l’accepter aussi.»

Beaucoup de questions
Des citoyens ont questionné de nouveau les positions des élus dans le dossier Mine Arnaud, faisant à certains moments valoir le code d’éthique des conseillers, ce qui n’a pas ébranlé les échevins. D’autres résidents du secteur Arnaud ont fait valoir leurs inquiétudes à voir une mine à ciel ouvert non loin de chez eux. La conseillère du secteur Sainte-Marguerite s’est faite rassurante, «si ma famille n’était pas prête à aller habiter chez vous, je pense que le projet ne serait pas acceptable», a soutenu Élisabeth Chevalier.

Des représentants du monde des affaires ont aussi pris la parole, pour demander au maire de les épauler dans leurs démarches. «De ce que je comprends, c’est que vous êtes un homme intelligent», a dit un entrepreneur. «Pourquoi vous n’essayez pas de trouver des solutions et mettre votre expérience à profit?» Un autre employeur a aussi demandé au maire d’essayer de «teinter ses propos» pour qu’au moins les entrepreneurs régionaux, qui vivent les conséquences des soubresauts de l’économie, sentent son appui.

Même s’il en a été question à différentes reprises pendant la séance publique, le conseil municipal n’a pas souhaité commenter le sondage commandé par la coalition Québec meilleure mine. Une première rencontre entre le promoteur et la Ville de Sept-Îles, depuis la publication des conclusions du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, doit avoir lieu mardi.

(Photo: archives – Le Nord-Côtier)

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