Rapport du BAPE: Des conclusions attendues à Sept-Îles

Par Fanny Lévesque 18 février 2014
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À quelques heures de la publication, par le ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, Yves-François Blanchet, des conclusions du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) au sujet du projet Mine Arnaud, tant les opposants que ceux en faveur fourbissent leurs armes. À Sept-Îles, où le projet divise la population, l’avis du BAPE sera déterminant pour la suite des choses.

Lundi encore, la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine, appuyée du Regroupement pour la sauvegarde de la grande Baie de Sept-Îles, remettait une seconde fois en cause la rentabilité du projet minier de 750 millions $, cette fois-ci en se référant à des données internes de Mine Arnaud.

L’organisme soutient que Mine Arnaud compte sur un prix de vente d’un peu plus 200$ la tonne pour rentabiliser son projet, alors que le prix actuel de la tonne d’apatite oscille sur le marché à 100$. «Investissement Québec doit cesser de risquer l’argent public et donner l’heure juste aux Septiliens et au Québécois», a fait valoir le porte-parole Ugo Lapointe, qui est d’avis que la société pourrait en venir à accuser des pertes financières importantes avec une chute des marchés.

Appelée à réagir, Mine Arnaud explique qu’il s’agit de données issues d’une étude réalisée au printemps 2013. «On constate déjà que cette étude est désuète, a expliqué la responsable des communications de la minière, Kateri C. Jourdain. «Ce sont des études qui sont faites à une certaine étape du projet, en fonction des marchés et de la connaissance du gisement. C’est prix-là sont constamment revus», assure-t-elle.

Mine Arnaud rappelle de plus qu’il manque toujours certains éléments au projet avant de déterminer le prix de vente de la tonne sur les marchés. «La réalisation de l’ingénierie détails par exemple doit nous permettre de déterminer les coûts de production», a-t-elle ajouté. «Si le décret du gouvernement est favorable, il faudra voir aussi quelles seront les conditions, ça pourrait aussi avoir un impact sur les coûts.»

Une marche en faveur
Par ailleurs, le comité Citoyens pour Mine Arnaud prépare l’organisation d’une marche citoyenne après la semaine de relâche, si les recommandations du BAPE sont favorables. «Le message sera de dire au ministre qu’il émette son décret rapidement, on a besoin de ce projet-là», a exprimé le porte-parole, Claude Harvey. «On nous disait que nous étions alarmistes, mais avec les annonces de Cliffs, c’est bien réel. Les gens d’affaires parlent de baisse d’activités de 20 à 25%, tout le monde a le pied sur le break.»

M. Harvey rappelle néanmoins que si les conclusions du BAPE indiquaient que le projet était dangereux pour la population, son comité se rangerait derrière l’organisme. La Chambre de commerce de Sept-Îles invite aussi ses membres à marcher en faveur du projet Arnaud.

La Ville en attente
La Ville de Sept-Îles attend aussi impatiemment les conclusions du BAPE pour connaître les orientations qu’elle prendra par la suite. «On ne veut pas mettre d’énergie avant d’avoir le rapport entre les mains», a expliqué le maire Réjean Porlier. Les données sur la rentabilité du projet devront aussi être expliquées, selon le maire. «Si le projet est viable alors qu’on mette les données sur la table (…) Ce qu’on veut éviter c’est que le projet s’installe et que dans deux ans par exemple, ça ferme.»

Le maire Porlier n’écarte pas non plus la tenue d’un référendum consultatif sur le projet après la publication des conclusions du BAPE, comme il l’avait promis en campagne électorale. Cette décision sera cependant prise à la table du conseil. Il faut rappeler que 5000 Septiliens ont signé une pétition en ce sens, au printemps 2013.

À l’automne dernier, pas moins de 143 mémoires ont été déposés devant la commission d’enquête du BAPE, chargée d’étudier le projet d’exploitation d’une mine d’apatite à ciel ouvert, qui serait aménagée dans le canton Arnaud, à moins de 10 kilomètres du périmètre urbain. Après plusieurs jours d’audiences publiques, de dépôts d’expertise et même d’une visite du site projeté, le président de la commission, Joseph Zayed, et ses commissaires ont planché sur la rédaction d’un rapport, déposé le 20 décembre.

(Photo: archives)

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