Troubles alimentaires: Encore bien des préjugés subsistent

Par Éditions Nordiques 7 février 2014
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Même si reconnus comme un problème de santé mentale à part entière, les troubles alimentaires font encore l’objet de bien des tabous, alors que plusieurs personnes croient qu’on peut en guérir simplement en s’attaquant au rapport malsain qu’entretient la personne atteinte envers son alimentation. Dans tous les cas, il faut également l’aider à reprendre confiance en elle, afin qu’elle puisse modifier la fausse image corporelle qu’elle entretient d’elle-même.

Vers l’âge de 12 ans, une psychiatre a posé le diagnostic que Johanie souffrait de troubles alimentaires. «Tout ça a commencé par de l’intimidation à l’école. J’avais un surplus de poids réel et je composais bien avec. À un certain moment, j’en ai eu assez et j’ai cherché à perdre du poids. C’est devenu une véritable obsession. J’avais alors perdu 65 livres en six mois», a confié la jeune femme, maintenant âgée de 18 ans, qui croit fermement qu’on n’en guérit jamais complètement.

Pour chercher à avoir un contrôle sur son poids, Johanie s’est mise à moins manger et à faire de l’exercice physique de manière extrême, ce qui a fini par occasionner de la bradycardie, c’est-à-dire, un rythme cardiaque trop bas. «Dans le fond, ce qui m’a aidée à aller mieux, c’est le travail sur moi et non axé sur la nourriture et la reprise de poids. Il fallait gratter le bobo, soulève-t-elle. Le trouble alimentaire n’était que le symptôme, il fallait travailler sur d’autres aspects de ma personnalité.»

Un partenaire précieux dans sa guérison
Dès qu’elle a entendu parler de l’organisme Éki-Lib Santé Côte-Nord, Johanie n’a pas hésité à recourir à ses services. Une fois sur place, une intervenante lui a recommandé d’effectuer la lecture du livre «Manger» de Guylaine Guèvremont, publié aux Éditions La Presse, ce qui lui a permis de réaliser qu’elle pouvait manger tout ce qu’elle voulait, mais seulement quand elle avait faim.

Jusqu’à maintenant, Johanie a traversé autant des épisodes de boulimie que d’anorexie, parfois dans des délais très rapprochés. Un cas qui ne semble pas être isolé si l’on se fie aux commentaires émis par l’éducatrice spécialisée d’Éki-Lib Santé Côte-Nord, Cynthia Dostie-Boulianne. «Tout est notion de contrôle. La personne peut autant se priver que se suralimenter. Elle compense ses émotions à travers la nourriture. Il faut l’aider à développer d’autres champs d’intérêt et d’autres passions pour qu’elle ait d’autres éléments sur lesquels mettre l’emphase.»

Depuis qu’elle utilise les services de l’organisme, il y a quatre ans, Johanie arrive maintenant plus facilement à mettre des mots sur les émotions qu’elle ressent et à mieux s’affirmer, en posant plus facilement ses limites. «Il ne faut pas attendre avant de demander de l’aide. Plus tu attends, plus il est difficile de t’en sortir. Dès qu’on en ressent les symptômes, il faut aller chercher de l’aide. Ces personnes sont formées», a déclaré la Septilienne qui a utilisé de nombreux services dans le réseau de la santé, sans obtenir des résultats aussi concrets.

Peu d’organismes spécialisés au Québec
Dans l’ensemble du Québec, seulement trois organismes à but non lucratif offre du service aux personnes atteintes de troubles alimentaires et à leurs proches, dont Éki-Lib Santé Côte-Nord qui est le seul dans l’est de la province. «Dans notre approche, on travaille surtout sur le psychique. Si je parle de la nourriture, Johanie se referme. C’est un élément angoissant. Il faut la laisser parler de ce dont elle a envie, tout en se fixant des objectifs. J’effectue surtout un travail d’accompagnement», a précisé Mme Dostie-Boulianne.

Des séances de rencontre et d’information sont organisées par Éki-Lib Santé Côte-Nord, tous les lundis à 19h30, au 466 Perreault et elles s’adressent autant aux personnes atteintes d’un trouble alimentaire qu’à leur proche. Elles peuvent constituer une belle porte d’entrée vers ses services.

Les personnes désirant obtenir plus d’informations sur l’organisme et les services offerts peuvent composer le 418 968-3960 ou consulter le www.eki-lib.com.

Les personnes souffrant de troubles alimentaires entretiennent une fausse image corporelle d’elles-mêmes. (Photo : Internet)

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