Déversement de mazout : Plus de 250 000 livres de moules à la poubelle

Par Fanny Lévesque 26 novembre 2013
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Le pire qu’ils craignaient est arrivé. Les propriétaires de la ferme maricole Purmer ont dû jeter à la poubelle la totalité de leur première production de quelque 250 000 livres de moules bleues, contaminées par le déversement de 450 000 litres de mazout lourd aux installations de Cliffs Natural Resources, et dont 5000 litres ont fui dans la baie de Sept-Îles. La décision de l’entreprise n’est pas étrangère au gage de qualité qu’elle souhaite préserver.

Depuis 2008 que le couple formé de Sandra Blais et André Gauthier se prépare à l’automne 2013. Bien malgré eux, la récolte à laquelle ils rêvaient a pris une tournure cauchemardesque, jeudi alors que les Septiliens se sont résignés à détruire l’entièreté de leur production. «Ç’a été très déchirant, confie Mme Blais. Quand ça fait cinq ans que tu mets temps et argent, ça brise le cœur. Mais, c’est une décision d’affaires, c’était aussi pour la perception de l’entreprise.»

La ferme maricole explique aussi avoir basé sa décision sur l’avis d’experts scientifiques qui ont confirmé que du cordage et des filières de moules avaient été touchés par le mazout. «On nous a dit que dans l’eau froide, il n’y aurait pas de décontamination, soutient-elle. Aussi, nous ne voulons pas prendre de chance d’avoir des problèmes dans deux-trois ans.» Par ailleurs, Sandra Blais précise également qu’elle ne voulait pas risquer de contaminer ses équipements à cause des moules souillées.

Année charnière
L’élevage de moules nécessite au moins trois ans de production avant de pouvoir débuter la commercialisation, comme l’explique le couple. «C’est environ 50 000 livres de moules par an, raconte Mme Blais. Cette année, on aurait commencé à vendre. Des ententes étaient déjà conclues avec plusieurs restaurateurs et épiceries de Sept-Îles.» Les pertes sont donc importantes pour la petite entreprise, qui devra attendre à 2017 avant d’offrir de nouvelles moules sur le marché.

«Nous ne voulons pas donner de chiffres pour l’instant», précise la productrice qui discute toujours avec Cliffs Natural Resources pour convenir d’un dédommagement. De son côté, la minière confirme que «les communications sont maintenues depuis le déversement et qu’elle espère continuer de collaborer avec les producteurs», indique la conseillère aux communications, Annie Desrosiers.

Enquête publique
Par ailleurs, un groupe de citoyens demande toujours au ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs de tenir une enquête publique pour éclaircir les causes entourant le déversement ainsi que la réponse des groupes d’intervention d’urgence. Le groupe déplore que la ferme maricole ait dû détruire sa production et en profite pour réitérer leur doléance auprès de Québec.

Le copropriétaire de la ferme maricole Purmer, André Gauthier, sortant de l’eau les moules qui seront jetées ensuite. (Photo : courtoisie)

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