Complexe aquatique : Un financement régional qui ne fait pas l’unanimité

Par Éditions Nordiques 10 octobre 2013
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Le 30 août, le préfet sortant de la MRC de Minganie, Julien Boudreau envoyait une lettre personnalisée à chacune des huit villes du secteur. Cette dernière informait de l’avancement dans le dossier du complexe aquatique qui sera situé à Havre-Saint-Pierre. Chacune des lettres contenait un paragraphe spécifique qui rappelait aux municipalités le montant de leurs redevances de La Romaine. Une partie de ces redevances doit servir à financer le complexe aquatique sur une base de 20 ans. Trois des huit maires perçoivent ce rappel comme une ingérence dans leur cour…

Le 9 septembre, le maire d’Aguanish, Richard Noël a envoyé une lettre au préfet, lui expliquant qu’il refusait d’utiliser cet argent pour construire une piscine. Les maires de Natashquan et de Rivière-au-Tonnerre refusent également de donner à ce projet. Richard Noël tient à clarifier les choses :

«Je ne suis pas contre le projet et tant mieux pour Havre-Saint-Pierre, s’il se concrétise.» Le maire d’Aguanish est d’accord pour que la MRC utilise des fonds régionaux. Cependant, il refuse que les redevances de La Romaine appartenant à Aguanish soient utilisées. «La municipalité est dévitalisée; on a besoin du 150 000$ que l’on reçoit par année pour concrétiser des projets importants», explique M. Noël.

Dans sa lettre, M. Noël déclare qu’il n’apprécie pas du tout que le préfet de la Minganie vienne s’ingérer dans la gestion des finances d’Aguanish. C’est 35 000$ par année sur une période de vingt ans que la MRC de la Minganie réclame à Aguanish.

Rivière-au-Tonnerre
Le maire sortant de Rivière-au-Tonnerre, Jeannot Boudreau est aussi en désaccord parce que sa municipalité a besoin de cet argent pour se relever d’une situation financière difficile et pour implanter des infrastructures. Jusqu’en 2005-2006, Rivière-au-Tonnerre avait des déficits accumulés s’élevant à près de 80 000$. «L’économie a beaucoup diminué depuis les pertes d’usines, on est dévitalisé, on commence à se sortir la tête de l’eau, mais on va investir chez nous avant d’investir ailleurs», explique M. Boudreau.

Natashquan
De son côté, le maire sortant de Natashquan, Jacques Landry est en faveur du principe utilisateur-payeur. Il trouve aussi illogique de payer pour le transport collectif qui serait mis en place à travers la Minganie pour aller se baigner. M. Landry considère la première évaluation du projet plutôt dispendieuse. «On parle de 16 millions $ et ça risque d’augmenter! Si Sept-Îles n’a pas les moyens de se payer une piscine, la Minganie non plus n’en a pas les moyens», s’exclame-t-il.

Enfin, Jacques Landry reproche au préfet d’être allé un peu trop loin. «Il aurait dû se mêler de ses affaires, ce n’est pas à lui de nous dire quoi faire dans notre municipalité », tonne-t-il.

Le préfet s’explique
Le préfet de la MRC de la Minganie, Julien Boudreau refuse d’embarquer dans cette valse d’attaques. Il rappelle que ce projet a fait l’objet de deux motions qui ont été unanimement approuvées par toutes les municipalités. «C’est un fonds régional Hydro-Québec-La Romaine qui nous a été octroyé», rappelle-t-il.

De plus, le préfet sortant explique que ce projet a été le seul que la région a voulu se donner. «Tous les étudiants qui étudient à l’école Monseigneur-Labrie profiteront de cette installation. La navette de transport permettra également à toute la population de la Minganie de bénéficier de la piscine.»

Les trois maires en question ont changé leur fusil d’épaule lorsqu’ils ont vu concrètement les montants que leur municipalité devait verser. «D’ailleurs, le pourcentage de contribution a diminué en cours de route. Il est passé de 3% à 1,5%», insiste M. Boudreau. Pour sa défense, le préfet indique qu’il n’a pas voulu s’ingérer dans les finances des municipalités, mais qu’il a poursuivi le mandat que les magistrats et la population lui ont donné. En effet, en 2012 un sondage indiquait que 65% des citoyens de la Minganie étaient en faveur de ce projet.

Rappelons que le 14 mai dernier, la première ministre, Pauline Marois octroyait à la région 85 millions $ pour le développement nordique. De ce montant, le complexe aquatique d’Havre-Saint-Pierre recevait à lui seul, 14 millions $.

(Image: courtoisie – MRC de Minganie)

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